AAA... Tchoum !

A l'automne, l'Elysée était encore persuadé de pouvoir sauver le triple A de la France. Sûr de son fait, Nicolas Sarkozy décréta sa sauvegarde grande cause nationale. Un combat taillé à la mesure de ses nouveaux habits de Président protecteur des Français. Histoire de faire oublier ceux de Président des riches, qui lui collaient toujours à la peau dans les sondages. Son ami Alain Minc loua son "courage" en disant qu'il "jouait sa peau". Des propos bien imprudents...

Las ! le plan de rigueur voté en catimini à la fin de l'été, pour donner des gages aux agences de notation, fut rapidement jugé par elles insuffisant. Un deuxième plan de rigueur devint donc nécessaire. Pour faire passer la pilule, le gouvernement prit soin de dire que c'était bien le dernier, tout comme il l'avait dit quatre mois plus tôt pour le précédent. Mais pour Standard & Poor's la messe était dite. Elle plaça sous perspective négative la note de la France, la menaçant même d'une dégradation de deux crans, d'un coup d'un seul ! Dès lors, rétropédalage en toute hâte à l'Elysée et au gouvernement. "La perte du triple A ne serait pas une catastrophe. Ce n'est pas les agences de notation qui font la politique de la France."

Et puis, la nouvelle est finalement tombée. Six mois après les Etats-Unis, la France est à son tour dégradée. Un troisième plan de rigueur est déjà dans les cartons. Mais, élection oblige, les Français attendront le mois de juin  pour le découvrir. Car, qu'elle soit de droite ou de gauche, la nouvelle majorité n'aura pas le choix. Selon Jacques Attali, il y a 90 milliards d'économies ou de recettes supplémentaires à trouver pour stabiliser le déficit de l'Etat. La rigueur n'était qu'un hors-d'oeuvre. Le plat de résistance est encore à venir. Il s'annonce particulièrement indigeste. On connaît déjà son nom : l'austérité.