Record battu : 8 heures 30 à tâter le cul des vaches au Salon des bouseux

L'élève a dépassé le maître. Même Chirac n'a jamais tenu aussi longtemps Porte de Versailles, au Salon de l'Agriculture. Huit heures trente, montre en main ! Quand j'ai vu cette forêt de micros et de caméras qui m'attendait, ça m'a donné envie de rester : j'étais sûr de faire la une du 20 heures. Ça n'a pas manqué : la Ferrari en a fait ses choux gras. Une expression de circonstance.... Le sens de la formule est décidément ma marque de fabrique. Et puis l'accueil de la France d'en-bas m'a réchauffé le coeur. Une paysanne m'a trouvé bel homme ; un paysan a salué ma fibre sociale. En la comparant aussitôt à celle du nain de l'Elysée, pour s'en moquer. Ah ! Sacrés Français, je ne saurais trop louer leur capacité d'amnésie : elle est infinie ! Ils ont déjà oublié mon CNE et mon CPE : comme entreprise de démantèlement ultralibéral du Code du travail, c'était pourtant d'un rétrograde digne de la politique sociale de l'Elysée. Presque aussi scandaleux que son bouclier fiscal. Mais ces veaux de Français - comme les surnommait jadis, en privé, mon Général - ont déjà tout oublié. De quoi me refaire une virginité. Moi le mondain, le diplomate, l'éminence grise, le technocrate planqué sous les ors des palais nationaux, je vais bientôt faire plus peuple que le nain. Il faut dire qu'avec sa Carla, ses costumes Prada de mafiosi,sa montre Patek Philippe à 30000 euros, le moindre oligarche nommé milliardaire par Poutine passe en comparaison pour un modèle de sobriété. L'amnésie des Français, c'est la providence des hommes politiques. Quand j'ai appris que Chirac était désormais l'homme politique le plus populaire de France, alors qu'il a fini son mandat à 20% d'opinions favorables, j'ai compris qu'il ne m'était pas interdit de rêver à l'Elysée. Après tout, n'ai-je pas fait toute ma carrière au service de la France, comme j'aime à le répéter à la moindre occasion ? Les Français finiront bien par s'en persuader à force de m'entendre le leur dire. J'ai bien sûr rendu un vibrant hommage, plein de sous-entendus, à Jacques Chirac. A mon troisième tour de salon, et à mon huitième gorgeon de blanc, j'ai fini par trouver un pommier - j'entends par là un cultivateur de pommes. Lorsque ce dernier, vêtu d'une chemise en laine à gros carreaux, m'a tendu une pomme et que j'ai croqué de mes belles dents éclatantes dedans, je me suis - très spontanément - écrié : "Jacques Chirac a eu raison de choisir la pomme pour sa campagne présidentielle en 1995." Si je décide de me lancer en 2012, je n'ai pas encore choisi l'emblème de ma campagne. Quoique, depuis ma visite d'une porcherie le mois dernier en Bretagne, où j'ai lancé à la cantonade : "ça vous rappelle quelqu'un ? " en désignant le porcelet que je tenais dans mes bras, j'aurais bien ma petite idée sur la question. Pourquoi pas une marionnette vaudou, criblée d'aiguilles tâchetées de sang, représentant un porcelet portant la tête du nain surmontée de ses grandes oreilles de diable ?

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