Ras-le-bol général

Le ras-le-bol contre le nouvel ami de Barack Obama atteint des proportions insurectionnelles. C'est une vraie lame de fond qui est en train de se lever dans le pays. Les Français vont bientôt le détester autant que le déteste Villepin. Des dizaines de blogueurs se sont réunis pour manifester contre le refondateur du capitalisme le 27 mars, jour qu'ils ont décrété No Sarkozy Day. Pour un coup d'essai, c'était un vrai coup de maître : ils ont mobilisé plusieurs milliers de manifestants partout en France et au moins mille (selon la police, c'est-à-dire plus du double en réalité, je suis bien placé pour le savoir, ayant été ministre de l'intérieur moi-même) rien qu'à Paris. Apparemment, il n'y avait pas que des sots parmis ceux qui défilaient. Sous la pluie, à Grenoble, une banderole reprenait une citation de La Boétie, un de mes confrères poètes : "Ils ne sont pas grands parce que nous sommes à genoux." Admirable ! Quoique pour faire paraître le court-sur-pattes plus grand qu'il n'est, mieux vaut être couché qu'à genoux. Ces esprits libres, insoumis et indociles, villepinistes dans l'âme en somme, n'entendent pas en rester là, puisqu'ils ont lancé un appel à une grande manifestation nationale à Paris le 8 mai prochain. Leur communauté Facebook compterait déjà près de 400.000 personnes, leur objectif étant d'atteindre le million de membres.

Le début de la fin

"Elections régionales, conséquences régionales", a-t-il seriné depuis sa raclée des Régionales. Les Français ne l'entendent pas de cette oreille. Pour n'avoir pas compris leur message, l'hyperprésident dévisse de 6 points en un mois dans les sondages. Résultat : il n'a jamais été aussi impopulaire depuis son élection, avec seulement 30% de personnes satisfaites contre 65% de mécontentes, selon le baromètre de l'IFOP paru dans le journal du dimanche. Fillon a déclaré ce week-end, dans ce même journal, que SarK.O. était le candidat naturel de la majorité pour 2012. Quand on en est à énoncer des choses naturelles et évidentes, c'est qu'elles ne le sont plus tant que ça. Le parti politique villepiniste n'existe pas encore, mais il n'est pas impossible que les déçus du sarkozysme fournissent ses plus gros bataillons d'adhérents. Sarkozy va se sentir de plus en plus seul. Et Xavier Bertrand bientôt devoir rebaptiser l'UMP en Union pour un Mouvement Personnel.

Sarkozy tente de diviser les villepinistes

La Sarkozie est aux abois. Le débauchage auquel vient de se livrer le nabot sur l'un des plus fidèles lieutenants de Villepin ne laisse plus de place au doute. Chez Sarkozye, rassembler son camp n'est souvent qu'un prétexte pour affaiblir ses opposants. En tout cas, si Sarkozy s'imagine que les villepinistes sont affectés par ce coup bas, le villepiniste François Goulard a bien résumé ce qu'ils pensaient des conséquences de cette petite manoeuvre : "Le PS n'est pas entré au gouvernement avec Bockel et Besson, les villepinistes n'y entrent pas avec Tron." Et Jacques Le Guen d'enfoncer le clou : "Je trouve dommage qu'un homme aussi intelligent que Georges Tron ait accepté un poste de sous-secrétaire d'Etat. Il méritait mieux."

Le pitbull reste à la niche

Le pitbull préféré du nabot, et accessoirement porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre, a fait les frais de la forme de Fillon dans les sondages d'opinion. "Nicolas-m'a-dit" pensait que cette fois-ci c'était la bonne : que la fin de l'ouverture serait l'occasion ou jamais de le faire rentrer au gouvernement. C'était d'ailleurs bien dans les visées de son mentor. Quel meilleur symbole de fermeture que de nommer le chevelu secrétaire d'Etat ! Mais c'était compter sans Fillon, dopé par sa popularité et le désaveu personnel des Régionales pour Sarko. L'austère de Matignon a donc mis son veto. Si Sarkozy n'y prend pas garde, il va bientôt se mettre dans l'idée de gouverner la France.

Fillon président ?

Après la couverture du Point sur "le Président Fillon", l'austère de Matignon a été accueilli par quelques "Fillon président" mardi matin à l'Assemblée par le groupe UMP. Comme si sa popularité laissait croire à ces connards qu'elle suffira à les faire réélire. Lorsqu'il faudra rendre des comptes au peuple sur l'échec de la politique du gouvernement, Fillon aura bien du mal à jouer l'air de la rupture. N'empêche que cet épisode n'a pas dû contribuer à dégonfler son melon. En voyant que ses sondages sont toujours aussi hauts quand ceux du nabot sont de plus en plus bas, Fillon aurait (déjà) songé à démissionner pour se mettre en réserve de la République. La tentation de Sablé, en somme. Mais ce ventre mou n'en a pas le cran, il préfère attendre de se faire virer par le roquet pour endosser les habits de victime. Après tout, avaler des couleuvres, endurer les brimades du fanfaron lui a jusqu'ici plutôt bien réussi dans l'opinion. Les Français raffolent des couilles molles et des paillassons.

La taxe carbone carbonisée

Cette fois, ça y est. Après le second tour calamiteux des Régionales : Sarkozy est désormais sous tutellle de sa majorité. Fini le temps où le Maître du monde imposait ses moindres caprices à la droite. Après avoir juré ses grands dieux, dans ses voeux à la nation, que la taxe carbone serait représentée au Parlement, dès janvier, puis en juin, après son invalidation par le Conseil constitutionnel, la voici cette fois-ci définitivement morte et enterrée. Il faut dire que depuis la bérézina de dimanche dernier, l'ami de Nicolas Hulot n'est plus très populaire jusque dans son propre camp. De là à imaginer qu'il ne porte pas les couleurs de la droite en 2012, il n'y a qu'un pas que d'aucuns ont déjà franchi à l'UMP. Or les députés ont voté contraints et forcés la première mouture de la taxe carbone. En pleine crise, taxer les Français sur leur déplacement et les quelques usines qui n'ont pas encore délocalisé leur production en Chine, c'est se tirer une balle dans le pied. SarK.O. le savait très bien, mais cette taxe n'avait rien à voir avec l'écologie, elle visait simplement à donner des gages à l'électorat écologiste. Pour qu'il vote UMP, plutôt qu'Europe Ecologie aux Régionales. Le résultat est à la hauteur de la sincérité de sa conversion au bio.

Guillon se rapproche de la sortie

Dans son humeur du jour, ce matin sur France Inter, Guillon a comparé Besson à une taupe du PS, chargé de saborder la politique de l'UMP - mille excuses, du gouvernement - sur l'immigration. Besson, qui était justement l'invité de Demorand dans la foulée, n'a pas apprécié du tout. L'humour n'est pas son fort, il est vrai. Alors qu'il aurait dû le prendre pour un hommage. Ce portrait avait au moins le mérite de le rendre bien plus intelligent qu'il n'est, et, pour une fois, de ne pas le faire passer pour un traître. Pour sa défense, Besson a une fois de plus endossé ses habits favoris : ceux de la victime de la méchanceté de ses contemporains. La main sur le coeur, il a ainsi déclaré, qu'à peine la chronique de Guillon terminée, les SMS de sympathie à son égard, avaient afflué sur son portable. Espérait-il ainsi tirer une larme à quelques auditeurs ? La duplicité est un métier.

ça sent le sapin à l'Elysée

54% pour la gauche aux Régionnales. Il n'y a guère que Lefebvre et Dati pour faire encore semblant d'y croire. L'ex-fashion victim du ministère de la Justice était pitoyable sur France 2, ce matin, en disant qu'on ne pouvait pas parler de succès pour la gauche en raison de l'abstention. Et d'utiliser ce même terme pour qualifier la victoire de la droite aux Européennes, alors que l'abstention avait été alors bien supérieure : 60% contre 49%.
Les darons de l'UMP, eux, ne machent plus leurs mots. Raffarin n'y est pas allé par quatre chemins. "Les Français veulent moins de réformes et plus de changement." Autant dire que la politique du chantre de la réforme, c'est que du vent, des palabres, des commissions, des contorsions, qui n'améliorent pas la vie des gens. Tu parles d'une rupture ! Un sénateur UMP a même dit tout haut ce que beaucoup pensent  tout bas, à savoir que Sarkozy n'était plus son candidat préféré pour 2012, et de citer les noms, dans l'ordre, de Juppé, Coppé et... Villepin.
Un sondage, un brin machiavélique, a demandé aux Français s'ils souhaitaient que Sarkozy se représentent à droite en 2012. Deux tiers ont répondu non !
La preuve que c'est non seulement la politique (ou plutôt son absence) mais aussi la personne du président qui est rejeté par le peuple.

SAR K.O.

Dominique de Villepin nous écrit : Qui l'aurait cru ? Je vais m'abonner au Nouvel Observateur. Ce jeudi, leur une de couverture m'a convaincu de passer à l'acte : SARK.O. Sarkozy K.O. ! Sonné, fichu, kaput, terrassé, carbonisé, atomisé... le nain de jardin. Je ne crains pas de le dire haut et fort, de le proclamer, comme si j'étais à la tribune de l'ONU à défendre la vieille Europe contre l'impérialisme américain : les jours du refondateur du capitalisme à l'Elysée sont comptés. Surtout qu'il fait tout pour s'enfoncer, ce con-là. En niant sa défaite aux Régionales et en s'entêtant dans sa stratégie du parti unique, il creuse sa propre tombe et... mon sillon. Dixit Fillon ! Le Canard a rapporté les propos de Monsieur Gendre tenus dimanche soir : "La stratégie d'unité au premier tour est un désastre. L'électeur de droite n'a pas d'autre choix que de voter pour l'UMP ou de s'abstenir. Cela ouvre un boulevard à Villepin." Propos tenus évidemment loin des micros et des caméras, devant ses fidèles à Matignon. Il va falloir que je m'abonne au Canard également.
A deux ans de la présidentielle et donc des législatives, autant dire demain, les députés ne vont pas tarder à ruer dans les brancards. Et c'est pas Copé qui va chercher à les amadouer. Tout le contraire, il boit du petit lait. Il avait du mal à contenir sa satisfaction dimanche soir. Quelques-uns pensent déjà tout haut que "Guaino m'a écrit" n'est peut-être plus le bon cheval pour 2012. Pire, qu'il est devenu un boulet, dont ils vont devoir se débarrasser s'ils veulent avoir une chance d'être réélus. Car un député n'a qu'une idée en tête : sa réélection. Il va falloir que je me fasse pardonner de les avoir traiter de connards ces couillons-là pour qu'ils se rallient à ma crinière blanche. Tron, Grand, Mariton et Goulard n'attendent que ça pour se sentir moins seuls. Il va falloir que je me mettre à lire "l'Equipe", que j'apprenne à faire peuple et à rire à leurs blagues à deux balles. On n'a pas rien sans rien !

Guillon bientôt viré ?

Faisant allusion aux rumeurs d'infidélité de la Reine de beauté propagées sur le net - et depuis démenties avec la dernière énergie, code pénal en main et théorie du complot à la bouche par le très mesuré Pierre Charon, conseiller personnel du président - , le saltimbanque a une fois de plus repoussé les limites de la cuistrerie : "Quand Ken perd son château et ses avions du Glam, Barbie va s'en voir ailleurs." On dirait du Fogiel, quand celui-ci demande, en direct sur Europe 1, à Carlita si elle aurait épousé son "chouchou" s'il n'avait pas été président. Et c'est presque aussi méchant que Sarkozy quand il parle de Fillon avec ses conseillers. La question est maintenant de savoir quel prétexte va utiliser le patron de France Inter, Jean-Luc Hess, pour virer Guillon.

Record battu : 8 heures 30 à tâter le cul des vaches au Salon des bouseux

L'élève a dépassé le maître. Même Chirac n'a jamais tenu aussi longtemps Porte de Versailles, au Salon de l'Agriculture. Huit heures trente, montre en main ! Quand j'ai vu cette forêt de micros et de caméras qui m'attendait, ça m'a donné envie de rester : j'étais sûr de faire la une du 20 heures. Ça n'a pas manqué : la Ferrari en a fait ses choux gras. Une expression de circonstance.... Le sens de la formule est décidément ma marque de fabrique. Et puis l'accueil de la France d'en-bas m'a réchauffé le coeur. Une paysanne m'a trouvé bel homme ; un paysan a salué ma fibre sociale. En la comparant aussitôt à celle du nain de l'Elysée, pour s'en moquer. Ah ! Sacrés Français, je ne saurais trop louer leur capacité d'amnésie : elle est infinie ! Ils ont déjà oublié mon CNE et mon CPE : comme entreprise de démantèlement ultralibéral du Code du travail, c'était pourtant d'un rétrograde digne de la politique sociale de l'Elysée. Presque aussi scandaleux que son bouclier fiscal. Mais ces veaux de Français - comme les surnommait jadis, en privé, mon Général - ont déjà tout oublié. De quoi me refaire une virginité. Moi le mondain, le diplomate, l'éminence grise, le technocrate planqué sous les ors des palais nationaux, je vais bientôt faire plus peuple que le nain. Il faut dire qu'avec sa Carla, ses costumes Prada de mafiosi,sa montre Patek Philippe à 30000 euros, le moindre oligarche nommé milliardaire par Poutine passe en comparaison pour un modèle de sobriété. L'amnésie des Français, c'est la providence des hommes politiques. Quand j'ai appris que Chirac était désormais l'homme politique le plus populaire de France, alors qu'il a fini son mandat à 20% d'opinions favorables, j'ai compris qu'il ne m'était pas interdit de rêver à l'Elysée. Après tout, n'ai-je pas fait toute ma carrière au service de la France, comme j'aime à le répéter à la moindre occasion ? Les Français finiront bien par s'en persuader à force de m'entendre le leur dire. J'ai bien sûr rendu un vibrant hommage, plein de sous-entendus, à Jacques Chirac. A mon troisième tour de salon, et à mon huitième gorgeon de blanc, j'ai fini par trouver un pommier - j'entends par là un cultivateur de pommes. Lorsque ce dernier, vêtu d'une chemise en laine à gros carreaux, m'a tendu une pomme et que j'ai croqué de mes belles dents éclatantes dedans, je me suis - très spontanément - écrié : "Jacques Chirac a eu raison de choisir la pomme pour sa campagne présidentielle en 1995." Si je décide de me lancer en 2012, je n'ai pas encore choisi l'emblème de ma campagne. Quoique, depuis ma visite d'une porcherie le mois dernier en Bretagne, où j'ai lancé à la cantonade : "ça vous rappelle quelqu'un ? " en désignant le porcelet que je tenais dans mes bras, j'aurais bien ma petite idée sur la question. Pourquoi pas une marionnette vaudou, criblée d'aiguilles tâchetées de sang, représentant un porcelet portant la tête du nain surmontée de ses grandes oreilles de diable ?

La justice a lavé mon honneur, même si Sarkozy s'acharne à vouloir le salir

Mon répit n'aura été que de courte durée. Je dois reconnaître que le nabot m'a pris à contre-pied. Quand il a annoncé, dans la foulée de ma relaxe, qu'il ne ferait pas appel de la décision du tribunal, j'ai cru à sa volonté d'en finir avec toute cette boue, de tourner définitivement la page de cette querelle fratricide, mauvaise pour la majorité et donc pour sa réélection. J'aurais dû me méfier ! Le Refondateur du Capitalisme n'est jamais à court de mensonge. Chez lui, c'est une seconde nature. Chirac, en comparaison, c'est la sincérité faite homme. "Je ne ferais pas appel" : tu parles ! En tant que partie civile au procès, il n'en avait pas le pouvoir ! Mon avocat me l'avait bien dit. Avocat moi-même, j'aurais dû rester sur mes gardes. Manoeuvre rhétorique pour simuler l'apaisement à l'adresse de l'opinion, l'endormir encore une fois, comme dans ses discours. Sa sournoiserie est sans limite. Comment ai-je pu me laisser piéger comme un bleu ? Corps étriqué ; esprit étriqué. Le nain n'est jamais en retard d'une petitesse. La mesquinerie lui sert de boussole politique.