Sarkozy tout feu tout flammes

Au petit jeu du "plus à droite que moi tu meurs", auquel se livraient Villepin et Sarkozy depuis quelques mois dans leur course à l'Elysée par sondages interposés, c'est Villepin qui a gagné. Et c'est donc lui qui est mort. S'il n'a pas démissionné (son sens du sacrifice au service de son combat contre le chômage sans doute), son avis de décès politique tient dans les chiffres des derniers sondages : 29% d'opinions favorables. Pire que ce même Raffarin dont il avait honte d'être le ministre des Affaires étrangères, il n'y pas si longtemps. C'est un boulevard qui s'ouvre maintenant devant Sarko pour remporter l'investiture de l'UMP à la présidentielle en janvier 2007. Alors qu'il apparaissait comme le plus réac des deux candidats putatifs de l'UMP, il s'est forgé, à la faveur de la crise du CPE, une image (artificielle ?) de "sage" partisan du dialogue social et du compromis. On a peine à croire que c'est le même qui s'extasiait sur les bienfaits du Kärcher en zone sensible et était qualifié de pousse au crime lors des émeutes de novembre pour ses propos un brin radicaux. La communication a des pouvoirs que la raison ignore.
Pour autant, le ministre de l'Intérieur n'a pas encore remporté l'élection présidentielle. Le chantre de la rupture va devoir convaincre la fraction la plus radicale de son électorat qu'il est capable de mettre en oeuvre les réformes ultralibérales qu'ils appellent de leurs voeux. A commencer par le démantèlement du Code du travail. Cet affreux pensum qui, comme chacun le sait, est responsable du chômage élevé en France.
Pour les rassurer, ou ne pas les voir céder aux sirènes du Front national ou du MPF du Vicomte de Villiers, Sarkozy a pris soin d'enfourcher une enième fois son cheval de bataille favori. "Je n'ai en rien renoncé à la rupture, elle est plus que jamais nécessaire", a-t-il déclaré au Figaro. "Si nous voulons répondre aux espoirs des Français, de grands changements sont indispensables. Simplement, j'appelle mes amis à comprendre que la rupture ne sera acceptée des Français que si elle est perçue comme juste". "Le CPE a pu donner le sentiment que les jeunes étaient stigmatisés. Je ne voudrais pas maintenant que l'idée de la réforme soit emportée avec cette malheureuse affaire".
Les porte-flingue de Villepin l'attendent au tournant. "J'ose espérer que Nicolas Sarkozy n'a pas fait l'impasse sur l'indispensable débat sur la flexibilité", a commenté Hervé Mariton. "On se fait engueuler par un paquet de nos électeurs qui trouvent qu'on a cédé à la pression de la rue". Un autre villepiniste souligne que "dans l'immédiat, tout ce qui affaiblit Villepin est bon pour Sarkozy". Mais il met en garde contre la tentation de "marcher sur des faux-semblants et repousser les problèmes". L'union de la majorité est un long combat.

Présidentielles 2007 vous recommande, sur le sujet de la lune de miel Villepin-Sarko, l'article de JM Aphatie intitulé "un couple au bord de la rupture".

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