Jospin : "L'Elysée comme je m'y vois"

Jospin est de retour. Sa dernière interview à "La Dépêche du Midi" ne laisse plus la moindre place au doute. "Soit ma défaite était la sanction de la politique menée, et il était bon que je marque symboliquement l'acceptation de cette sanction. Soit elle résultait d'un certain dilettantisme civique et d'une division imprudente de la gauche, et il était nécessaire que je marque que la politique était une chose sérieuse." Du pur Jospin dans le texte. Connaissant le penchant du personnage pour l'autocritique, il est peu probable qu'il fasse sienne la première hypothèse. Sa défaite s'explique donc par l'incivisme des Français et la division de la gauche. Auxquels Lionel serait maintenant prêt à pardonner. Mais contraint et forcé : "Je voulais aussi dégager le champ au PS pour que s'affirment d'autres personnalités... mais aucune des personnalités actuellement en lice ne s'est encore imposée", a-t-il diagnostiqué à "La Provence". Le sens du sacrifice n'est-il pas l'apanage des grands hommes ? Après "le monde comme je le vois", le retraité du 21 avril 2002 écrit déjà "l'Elysée comme je m'y vois".

Le début de la fin ?

Le CPE sera-t-il à Villepin ce que la canicule fut à Raffarin ? Le début de la fin. La question mérite d'être posée. La popularité du poète de la rue de Varenne est en effet en chute libre : 9 points de moins en un mois, selon le dernier sondage mensuel "Ifop/Le Journal du Dimanche". 43 % de satisfaits contre 54 % de mécontents. Soit exactement le même score que Raffarin au sortir de l'été 2003 et ses 15.000 morts. On connaît la suite dramatique pour l'ex-gringo de Jacques Vabre. Si les étudiants et la gauche parviennent à mobiliser dans la rue contre le CPE, le bail de Villepin à Matignon risque fort de connaître la même. La précarité n'épargne vraiment plus personne.