Ils se sont tant aimés

A l'occasion de ses bons voeux, Flamby (le surnom dont Fabius a affublé Hollande), a distillé l'un de ces jeux de mots dont il a le secret et qui fait qu'on l'aime tant : "La France n'est pas en déclin. Elle est entre de mauvaises mains." Dominique Strauss-Kahn ne le démentira pas. S'agissant de la France, mais aussi du PS. Après le feuilleton "Ségolène au Chili", le voyage people à Santiago de la compagne de François Hollande aux frais de la princesse, alors que celle-ci n'a jamais occupé la moindre responsabilité à l'international au sein de ce parti, DSK a prévenu : "Il n'y aura pas de privatisation du PS." La synthèse du Mans n'aura pas passé l'hiver.

MAM se marre



Une fois n'est pas coutume (la photo est là pour en témoigner), Michèle Alliot-Marie (MAM pour les intimes) s'essaye à l'humour. Et le résultat n'est pas déplaisant. Interrogée sur son éventuelle candidature à l'Elysée, elle répond : "Lorsque je me maquille le matin, ce n'est pas ma précoccupation principale." Sarkozy et Villepin peuvent se raser en paix.

"Discours social, pratique libérale" ("La Croix")

Villepin ne lâchera pas son CPE. Même pour un empire. Lors de sa 7ème conférence de presse mensuelle, il a défendu son contrat au rabais avec des arguments décoiffants. "J'entends dire qu'un jeune pourra être licencié à tout moment et sans préavis, du jour au lendemain : c'est faux". "Il va de soi par exemple qu'un employeur ne pourra pas mettre fin au contrat première embauche d'une jeune femme qui serait enceinte, ou d'un salarié en raison de ses convictions ou de sa vie privée". On avait pourtant cru comprendre que ledit contrat comprenait une période d'essai pendant laquelle l'employeur pouvait licencier le salarié sans motif. Pour l'auteur du "cri de la gargouille", l'art de la rhétorique n'est pas forcément synonyme de vérité. A se demander si Sarkozy n'aurait pas trouvé son maître.

Villepin prend un coup de vieux

Malgré son physique de jeune premier,Villepin ressemble de plus en plus à son meilleur ennemi : Edouard Balladur en personne. Et le CPE (contrat de première embauche) au CIP (contrat d'insertion professionnelle). Plus connu sous le nom de smic-jeunes, qui avait sonné, en 1994, la fin de la lune de miel de Balladur avec les Français. Sentant venir le vent du boulet, Galouzeau de Villepin a tenté de désamorcer le piège. En se montrant sévère avec le "smic-jeunes" et en passant sous silence la période d'essai de 2 ans (bientôt 10 ?), rebaptisée par lui "parcours d'embauche". Rien de tel que l'art diplomatique de la litote pour faire avaler au bon peuple la potion ultralibérale.

De l'hostilité plein les voeux

Sarkozy fait la leçon à Chirac
"L'énergie que l'on met à durer, on ne la met pas à faire." Pour ces voeux à la presse, SARKOZY ne s'est pas privé de tirer à boulets rouges sur sa cible favorite. Depuis, Chirac a confié à un proche qu'il ne le supportait plus.

Chirac rend coup pour coup
A l'occasion de ses (nombreux) discours de voeux, CHIRAC n'a pas épargné, non plus, son ministre de l'intérieur. Sur sa vraie-fausse candidature : "L'expression des ambitions doit venir à son heure". Sur le domaine réservé de Sarkozy, la sécurité, pour lequel "il reste beaucoup à faire". Et de citer à l'appui de sa démonstration, les événements "inacceptables" survenus dans le train corail Nice-Lyon le 1er janvier. Que Sarko, on se demande bien pourquoi, avait tardé à révéler au grand public. Sans doute le temps de trouver la riposte absolue : la création d'une brigade ferroviaire.

Emmanuelli habille Sarkozy pour l'hiver
C'est "un régime présidentiel à irresponsabilité garantie pendant cinq ans", a tonné le député socialiste Henri Emmanuelli sur France-Info pour qualifier les pleins pouvoirs que comptait octroyer Sarkozy au président de la République s'il était élu en 2007. "C'est une énormité", "tout cela est de l'improvisation, a une vocation gesticulatoire et médiatique, n'est pas censé et n'est pas réfléchi", a-t-il déploré.

Montebourg croque le vice-premier ministre en "Sarko-Napoleon"
Partisan d'un renforcement des pouvoirs du Premier ministre, pour Arnaud Montebourg les propositions institutionnelles du président de l'UMP "traduisent la dérive autoritaire et dangereuse du personnage". Le député socialiste l'accuse de vouloir "des facilités autoritaires supplémentaires pour pouvoir mener une politique ultralibérale" et appelle son parti à "s'opposer à cette aventure digne de Badinguet" (sobriquet donné à Napoléon III, NDLR). Et Montebourg de se ranger dans le camp des "Tout sauf Sarkozy" pour s'afficher au bras de Jospin, à Jarnac, à l'occasion du dixième anniversaire de la disparition de Mitterrand ?

Popularité irrésistible de Ségolène

La popularité grandissante de Ségolène Royal, personnalité de gauche favorite des Français pour la course à l'Elysée, plonge le Parti socialiste dans l'embarras. En déplacement au Chili pour défendre la candidature à la présidentielle de sa consœur Michelle Bachelet, la députée des Deux-Sèvres reste sur sa réserve, sachant que c'est sur son projet politique qu'elle est désormais attendue.
Pour plus d'un Français sur deux (53 %) et deux sympathisants du PS sur trois (67 %), l'ex-ministre de l'Environnement du président François Mitterrand, de 1992 à 1993, et ancienne ministre déléguée à l'Enseignement scolaire puis à la Solidarité, la Famille, l'Enfance et aux Personnes handicapées sous le gouvernement de Lionel Jospin, de 1997 à 2002, aurait la stature d'un président de la République, selon un sondage IFOP/Le Journal du dimanche.
Elle devance nettement ses rivaux socialistes : Dominique Strauss-Kahn (39 %), Jack Lang (36 %), Laurent Fabius (31 %) et François Hollande, premier secrétaire du PS (21 %).
En tête des postulants socialistes pour 2007 depuis quelques mois, la présidente du Conseil régional du Poitou-Charentes, qui s'est dite "prête" à se lancer dans la bataille, continue ainsi sa percée.
Son voyage à Santiago du Chili, au moment où les dirigeants socialistes se pressaient à Jarnac (Charente), dimanche 8 janvier 2006, pour le dixième anniversaire du décès de François Mitterrand, a été perçu par la presse comme une volonté de se démarquer, tout en se forgeant une reconnaissance internationale.
François Hollande a présenté la popularité grandissante de sa "courageuse, tenace, obstinée" compagne, avec qui il a quatre enfants, comme "un atout majeur, mais quel que soit le candidat" du parti, rappelant que le choix était programmé pour novembre 2006.
Pierre Giacometti, directeur général d'IPSOS, souligne aussi que les jeux sont loin d'être faits et que Ségolène Royal doit "réussir l'étape suivante, en présentant un projet". Mais, son "franc-parler et son image de nouveauté" lui donneraient de sérieux atouts pour concurrencer Nicolas Sarkozy, qui reste le favori des sondages pour une victoire en 2007, estime-t-il.
Laurent Fabius a pour sa part annoncé, mardi 10 janvier 2006, qu'il serait candidat à l'investiture du Parti socialiste pour la présidentielle de 2007. Interrogé par l'AFP sur ses intentions lors des vœux à la presse, il a précisé que trois "maîtres mots" guideraient son action : "la volonté, le changement et le rassemblement" de la gauche.
Sur Ségolène Royal, l'ancien Premier ministre a jugé "excellent qu'il y ait des femmes socialistes candidates" et s'est prononcé pour "la parité hommes-femmes dans un gouvernement" de gauche, précisant toutefois que "cela ne se passe jamais, jamais, jamais comme le disent les sondages".

Ségo au Chili

En pleine ascension dans les sondages sur la course à l'Elysée, Ségolène Royal s'est lancée avec pugnacité dans la campagne présidentielle au Chili, où elle est venue soutenir la candidate de gauche, Michelle Bachelet, occasion rêvée de chanter les louanges de la politique au féminin. Jugeant "indécent" d'évoquer en terre étrangère les sondages de l'Hexagone, la députée PS des Deux-Sèvres se reconnaît pour seule mission de promouvoir le "symbole exceptionnel" que serait une première femme élue à la tête d'un Etat en Amérique du sud.
Conduisant une délégation du PS, Ségolène Royal s'est glissée lundi dans l'agenda chargé de la candidate chilienne. Elle l'a suivie dans un port de pêche de la région de Concepcion, seconde région du pays, où une pluie battante a imposé un meeting improvisé dans une caserne de pompiers. Dans l'hôtel où les deux femmes se rencontrent pour la première fois, la présidente de la région Poitou-Charentes se renseigne discrètement: "à quel moment as-tu choisi d'annoncer ta candidature?", demande-t-elle à son hôtesse, laquelle est stupéfaite d'apprendre que l'entre-deux tours présidentiel ne dure que deux semaines en France, contre plus d'un mois au Chili.
Michelle Bachelet prédit "un long chemin à la future candidate" française
Une candidate peut-elle en cacher une autre? Difficile d'occulter les ressemblances entre ces deux quinquagénaires, quand Mme Royal évoque elle-même "son soutien de socialiste à socialiste, d'élue à élue, de démocrate à démocrate, de femme d'action à femme d'action". Elles sont toutes deux filles d'officier, nées à deux ans d'écart, et anciennes ministres. L'une, Michelle Bachelet, est mère célibataire de trois enfants, nés de deux pères différents dont elle est séparée. L'autre, Ségolène Royal, est la compagne du Premier secrétaire du PS, François Hollande, dont elle a eu quatre enfants. "Heureuse de la venue d'une grande dirigeante en France et en Europe", la candidate chilienne, fille d'un général mort torturé après le coup d'Etat de Pinochet et d'ascendance française, a prédit "un long chemin à la future candidate à la présidence" française, à laquelle elle souhaite de "connaître le succès". Un rien gênée, Mme Royal, qui préfère souligner l'apport décisif du bois charentais pour les tonneaux où vieillissent les vins chiliens, salue la "femme courageuse et battante", favorite face à l'entrepreneur de droite Sebastien Pinera lors de son duel dimanche prochain.
Dans la soirée, la députée française devait se rendre au palais de la Moneda à l'invitation du chef d'Etat socialiste Ricardo Lagos, avant d'honorer mardi, veille de son départ, la tombe du président Salvador Allende, victime du coup d'Etat de septembre 1973, "détonateur d'une conscience politique en France". Dès son arrivée dimanche à Santiago, elle avait rencontré la fille de l'ancien président, Isabel Allende, en campagne pour la gauche à Puente Alto, banlieue-dortoir misérable de la capitale. En tailleur et escarpins sur les chemins caillouteux, entourée d'une cohorte de curieux et de journalistes de la presse hexagonale, celle qui n'est pour l'heure que la favorite des Français pour défendre les couleurs du PS en 2007 n'est pas passée inaperçue, au milieu des modestes baraques en bois colorées.
Sous le charme, un journaliste d'une radio locale a trouvé la députée française "très attirante", tout en se demandant ce que cette parfaite inconnue des Chiliens était "venue faire là". "J'espère que Ségolène sera aussi candidate en France", s'est exclamée Isabel Allende, qui fut la première présidente du congrès des députés chiliens. "Mais ce n'est pas ma campagne", a rougi l'intéressée. LCI

Ségolène Royal met en scène ses ambitions

par Isabelle Mandraud

Ce sera Santiago du Chili, plutôt que Jarnac en Charente. Ségolène Royal a préféré renoncer aux cérémonies consacrées, le 8 janvier, à François Mitterrand, dix ans après sa mort, pour aller soutenir, à la même date, la candidate socialiste Michelle Bachelet au second tour de l'élection présidentielle du Chili. La présidente de la région Poitou-Charentes fera partie de la petite délégation de trois personnes dépêchée par le PS.
"Les Chiliens l'ont demandée", précise Patrick Mennucci, secrétaire national Euro-Méditerranée chargé de ce déplacement. Cela tombe bien : Mme Royal, candidate elle-même à l'élection présidentielle de 2007, cherchait le moyen de provoquer cette rencontre.
D'emblée, elle a accepté les vingt heures de vol en classe économique à l'aller, même chose au retour, pour une journée avec Michelle Bachelet. Fille d'un général de l'aviation victime de la dictature Pinochet, elle-même torturée et exilée, la ministre de la défense chilienne, plutôt bien accueillie par les militaires à sa nomination en 2002, s'est souvenue que la socialiste française était aussi fille d'un militaire de carrière. Deux femmes, socialistes, favorites des sondages, s'épaulant l'une l'autre : l'image est trop tentante pour celle qui sera reçue par le président socialiste sortant, Ricardo Lagos, au palais de la Moneda, et traitée comme une personnalité de premier plan.
L'année 2006 démarre donc plutôt bien. Ségolène Royal, qui plane toujours dans les sondages en tête des candidats du PS potentiels, a fait son entrée — certes à la dernière place — dans le Top 50 des personnalités préférées des Français publié par Le Journal du dimanche du 31 décembre 2005. Une étape de plus pour la compagne du premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande, qui joue sur une popularité toute neuve.
Une autre est prévue avec le lancement, à son retour du Chili, de son site Internet au nom explicite : "Désirs d'avenir". "L'important, c'est l'avenir, il faut bien comprendre qu'on est en train de changer d'époque", juge Ségolène Royal. Rien à voir avec la mode des blogs, "cette bonne parole qui tombe sur le peuple", comme le dit Sophie Bouchet-Petersen, une proche. Le projet se veut interactif, une sorte de grand forum ouvert sur plusieurs thèmes. Convertie à la démocratie participative, Ségolène Royal cherche à reproduire, en l'adaptant à plus grande échelle, une méthode qui lui a permis, en 2004, de souffler la région à la candidate de Jean-Pierre Raffarin. En mars enfin, la candidate promet un livre.
Ségolène Royal n'ignore rien des obstacles, nombreux, qui l'attendent. Sa popularité est un précieux atout, mais il n'est pas suffisant. Après tout, Simone Veil fait elle aussi partie, et depuis bien plus longtemps, du Top 50, sans que cela fasse d'elle une présidentiable. La popularité de Bernard Kouchner est aussi haute, mais elle n'a guère encore jusqu'ici profité électoralement à l'ancien ministre.
Ségolène Royal n'a pas de réseau, encore moins de courant. Elle est soutenue par une équipe de fidèles très réduite qui se compose notamment de Christophe Chantepy, son ancien directeur de cabinet lorsqu'elle était ministre à l'enseignement scolaire, de 1997 à 2000, et de Sophie Bouchet-Petersen, maître de requêtes au Conseil d'Etat, rencontrée au début des années 1980 lorsqu'elles travaillaient toutes deux dans l'équipe de conseillers de François Mitterrand. Il faut ajouter Joëlle Maury, ancienne ouvrière, militante associative active. L'équipe travaille toujours ensemble à la région. Christophe Chantepy présidera l'association Désirs d'avenir, Joëlle Maury en sera la trésorière.
Ségolène Royal, plutôt appréciée des militants, n'est guère aimée par les élus et les cadres du parti. Ils lui reprochent son individualisme, son goût pour se mettre en avant, et sa propension à suivre, coûte que coûte, son ambition. Nul n'a oublié que la députée des Deux-Sèvres s'est affrontée, en 1995, à un autre candidat socialiste, le maire sortant de Niort, lors de l'élection municipale. Beaucoup ont encore en tête sa volonté de briguer, contre Laurent Fabius cette fois, la présidence de l'Assemblée nationale en 1997, alors que tout le monde le lui avait déconseillé.
Autre obstacle, Ségolène Royal, active sur les questions de société, n'est pas familière des grands sujets économiques et sociaux, ce que ses détracteurs n'oublient jamais de souligner. Et si la presse étrangère lui porte désormais un intérêt soutenu, elle n'a aucune expérience internationale. "Elle n'a pas la stature d'un chef d'Etat. Je ne crois pas qu'elle sera vraiment candidate", assénait sans détours, dimanche 1er janvier, Gilles Martinet, ancien cofondateur du PSU et secrétaire national du PS, dans un entretien au Parisien. D'où l'importance que revêt pour Ségolène Royal son voyage au Chili — une initiative qui ravit la vedette aux autres candidats potentiels qui envisagent eux aussi de se déplacer à l'étranger, après une période très tournée sur le parti.
Quant à son site Internet, il est fait justement pour permettre à Ségolène Royal d'aborder des thèmes économiques en s'appuyant sur sa gestion de la région. Il lui faudra convaincre, éliminer les autres candidats. Et obtenir le soutien du premier secrétaire, François Hollande, qu'elle ne ménage pas. Mais est-ce un obstacle ?
Sources : LE MONDE