Villepin en embuscade

Villepin n'a renoncé à rien. Et surtout pas à se porter candidat... si sa cote de popularité le lui permet et si son mentor ne se représente pas. Sa dernière conférence de presse mensuelle et sa prestation radiophonique de ce soir au Grand Jury-RTL en sont la preuve. "Je me refuse à considérer que l'emporte le populisme, la démagogie et l'image" a-t-il déclaré plus va-t-en-guerre que jamais. Difficile d'être plus critique vis-à-vis de Sarko et de Ségo. Et piquant dans la bouche de celui qui, il y un an à peine, avait convoqué la presse pour qu'on photographie sa sortie de l'eau en mailot de bain à la Baule.

Villepin toujours en campagne

Le forcené de Matignon n'a renoncé à rien. Plus que jamais décidé à surfer sur les bons chiffres du chômage, que l'on doit bien évidemment aux résultants foudroyants du CNE et non pas aux effets du papy-boom, le premier ministre se comporte plus que jamais comme s'il était en campagne. D'ici à ce qu'il nous refasse le coup de "Villepin sortant des eaux", comme à la Baule l'été dernier...
Plus martial que jamais, il a ainsi déclaré vouloir "garder le cap de la modernisation" de la France à la rentrée, dans un entretien paru dimanche 12 août dans le Journal du dimanche. "Je veux placer la rentrée sous le signe de l'action: poursuivre nos efforts dans la lutte contre le chômage, apporter une réponse concrète à l'augmentation des prix de l'essence qui pèse lourdement sur le budget des ménages, aider les étudiants et leurs parents, voilà ce sur quoi le gouvernement travaille actuellement."
L'Opep et les pétroliers n'ont qu'a bien se tenir.

La vérité des chiffres

Le quotidien économique La Tribune, propriété de l'homme le plus riche de France, Bernard Arnault, par ailleurs président de LVMH, n'est pas l'archétype de la feuille de chou gauchiste. Ses réserves et son rappel sur la baisse du chômage n'en sont que plus précieux. Présidentielles 2007 ne résiste pas au plaisir de vous livrer in extenso sa Une du week-end, qui douche singulièrement le satisfecit que s'est décerné le gouvernement ces dernières 48 heures :

"- La baisse des demandeurs d'emploi a de nouveau baissé de 26.500 en juin, et ce malgré de faibles créations d'emplois
- Après un recul quasi ininterrompu depuis mars 2005, le taux de chômage revient à 9%, soit exactement le même que celui enregistré quand la majorité actuelle est arrivée au pouvoir
- Le reflux du chômage devrait continuer grâce à la montée en charge du plan de cohésion sociale et à la démographie"


On ne saurait mieux dire que le gouvernement n'est pour rien dans la baisse du chômage et que la réélection du champion de la "fracture sociale" en 2002 a fait perdre 4 ans à la France dans la lutte contre ce fléau.

Les brèves... qui en disent long

  • La lune de miel entre Sarkozy et Villepin continue. Le Nouvel Obs rapporte les propos peu amènes du poète de Matignon concernant le projet présidentiel de son ministre de l’intérieur : « Je n’ai pas entendu une seule proposition du niveau d’un débat présidentiel. » Avant de s’en prendre méchamment à sa proposition de supprimer la fonction de Premier ministre : « Avec à la tête de l’Etat un homme seul (le président de la République) qui serait primaire et hyper-réactif, la France s’engagerait dans une aventure. » Villepin s’imaginait-il que Sarkozy allait le nommer à Matignon s’il était élu en 2007 ?
  • Ils étaient faits l’un pour l’autre. Au sein du couple Gaymard, c’est au tour de madame de se faire épingler par ses pairs. On se souvient encore de la grande libéralité de son mari avec l’argent public lorsqu’il s’agissait de loger sa famille. Alors qu’il venait à peine, en tant que Ministre des Finances frais émoulu, d’appeler ses concitoyens « à se désintoxiquer de la dépense publique » (sic). Apparemment sa femme n’a rien à lui envier sur le chapitre de la déontologie. Ironie de l’histoire, c’est un ex-ministre des Finances, Jean Arthuis, qui l’a balancée à Thierry Breton, en sa qualité de président UDF de la commission des finances du Sénat. Clara Gaymard, présidente de l’Agence Française pour les Investissement Internationaux (AFII) souhaiterait rejoindre le géant américain General Electric (GE) alors même que le président de GE-France siège au conseil d’administration de l’AFII. Cet Arthuis : encore un UDF qui voit le mal partout.
  • Cécilia, le retour. Impossible d’ignorer que Madame Sarkozy est rentrée au bercail et qu’elle a retrouvé son bureau place Beauvau. Le couple fait depuis le début de l’été la Une de tous les magazines people. Devant ce raz-de-marée médiatique, des esprits chagrins se sont étonnés. Le premier flic de France n’avait-il pas juré ses grands dieux qu’on ne l’y reprendrait plus à jeter sa vie privée en pâture aux Français, quand Cécilia s’était enfuie aux USA et qu’il s’était scandalisé que Paris-Match ose en parler, photos compromettantes à l’appui. La doctrine aurait-elle une fois de plus changée ? Comme en matière politique, où le chantre de la rupture se pose désormais en grand rassembleur de la nation. Pas le moins du monde. Ces photos d’un tendre bonheur retrouvé où l’on voit le couple Sarkozy main dans la main ne sont rien d’autres que « des photos… volées » ! C’est la version officielle de l’entourage du premier flic de France. Si même le ministre de l’intérieur en est à se faire voler quasi-quotidiennement, on est en droit de s’interroger sur la baisse de la délinquance dans le pays.

Déni de réalité

La réalité n'est pas le soucis du Président. Son allocution du 14 juillet en a apporté la preuve à ceux qui en doutaient encore. Au bout de 11 ans de pouvoir et à neuf mois de l'élection présidentielle, oser déclarer : "Je ne suis pas à l'heure du bilan mais à l'heure de l'action", c'est abracadabrantesque. Maintenir "le suspense" sur son éventuelle candidature en 2007, alors qu'il affichera 74 ans aux prunes, et que personne dans son camp ne souhaite le voir se représenter, mis à part Villepin et Debré qui préfèrent, à l'instar de leur mentor, voir Royal plutôt que Sarkozy lui succéder à l'Elysée, c'est ubuesque. Assurer aux deux journalistes faire-valoir qui l'interviewaient gentiment, qu'il entretenait de "très bonnes relations" avec son ministre de l'intérieur, là c'était franchement à se pincer. Finalement, Chirac est plus gaulliste qu'on le pense. Mon Général déclarait que les Français sont des veaux mais qu'il faut leur faire croire qu'ils sont des lions. Chirac, lui, ne se donne même pas cette peine.

Benito de Beauvau

Les villepinistes seraient-ils pour une fois en phase avec l'opinion ? C'est ce que laisse à penser un sondage TNS Sofres pour Le Figaro Magazine. Le président de l'UMP a beau faire la course en tête dans les sondages avec la socialiste Ségolène Royal, il a cependant du mal à convaincre au-delà de son propre camp en terme d'image. En effet, le premier flic de France ne rassure que 36% des personnes interrogées, tandis qu'il en inquiète 55%. De même, le ministre de l'Intérieur n'est jugé séduisant que par 39% des Français, contre 61% qui sont d'un avis contraire. Pour 49% des sondés, Nicolas Sarkozy est plutôt un libéral, 17% voyant plutôt en lui un gaulliste.
Or, après les tendres qualificatifs de "nabot", "nain" et "roquet", dont l'affuble l'encore premier ministre DDV, sa garde rapprochée vient d'en trouver un autre, synonyme à lui tout seul d'inquiétude : "Benito." Rien moins que le prénom de Mussolini ! Alias le Duce !
Encore un effort, et les forcenés du CPE vont appeler à voter pour Ségolène Royal ou Le Pen pour sauver la patrie et la démocratie en danger. "Tout sauf Benito !"

La chute sans fin de Villepin

Un mauvais week-end de plus pour Dominique de Villepin. Alors que l'UMP refuse d'avaliser son projet de fusion Suez-GDF, que Devedjian, alias Sarkozy-m'a-dit, l'a traité de "premier ministre de convenance", le Journal du dimanche vient de publier un sondage selon lequel l'auteur inoubliable des "Cent jours ou l'esprit de sacrifice", bat le record d'impopularité de son prédécesseur Jean-Pierre Raffarin. Lequel était descendu à 24% de bonnes opinions. Pour se rapprocher dangereusement du record absolu, à droite, toujours détenu par Alain Juppé, avec 20%. Encore un petit effort Dominique... Histoire de remettre en selle "le meilleur d'entre nous" pour la prochaine présidentielle.

Où est passée la majorité ?

Après Bayrou, les temps de parole des groupes UMP de l'assemblée nationale et du sénat vont-ils à leur tour être décomptés dans celui de l'opposition par le CSA ?
Malgré le numéro de charme de Breton et Villepin sur leur projet de fusion GDF-Suez, les députés et sénateurs de la majorité n'en démordent pas : ils voteront contre un projet de loi.
Avant même l'ouverture du débat sans vote organisé à l'Assemblée par le gouvernement pour prendre le pouls de sa majorité, le patron du groupe UMP Bernard Accoyer a douché les espoirs de Matignon et Bercy : "Il n'y a pas une majorité suffisante" pour adopter un texte fusionnant GDF et Suez. "Il faut se donner le temps", a renchéri le président UMP de la commission des Finances, Pierre Méhaignerie. La porte s'est aussi fermée au Sénat: les élus UMP ont fait savoir qu'ils refuseraient de faire de la "figuration" en débattant les premiers cet été d'un projet de loi susceptible d'importantes modifications.
Villepin a beau eu convoquer les mânes du Général, en s'inscrivant dans le sillage de celui "qui a donné à la France l'indépendance et la sécurité énergétiques", rien n'y a fait. En désespoir de cause, il a même osé déclarer sans rire : "Il est hors de question que les ménages français soient exposés à des hausses brutales de tarifs dont l'Etat n'aurait pas la maîtrise."
C'est pourtant bien connu : pour les poètes, les mots n'ont pas le même sens que pour le commun des mortels.

La dernière de Villepin : "Une étude ne fait pas le printemps"

C'était l'argument massu en faveur du CPE. Son petit-frère, le CNE, qui s'applique aux PME de moins de 20 salariés, était un succès sans précédent, qui expliquait la décrue du chômage, puisqu'il aurait créé plus de 400.000 emplois en quelques mois seulement.
Patatras ! Une étude menée par la direction des statistiques du ministère de l'Emploi (DARES) et l'Agence centrale des organismes de Sécurité sociale (Acoss) fait état de 44.000 emplois créés pour 440.000 CNE signés depuis le mois d'août 2005. Ce n'est pas exactement la même chose !
De plus, un CNE sur trois a été rompu dans les six mois suivant sa signature, ce qui est, selon l'enquête, "nettement supérieur" à la proportion de CDI terminés pendant la même période. Comble de malchance, près des trois quarts des embauches effectuées en CNE (70%) seraient intervenues de toute façon sans ce dispositif... Pas plus tard que lundi dernier, le premier ministre avait pourtant assuré que "90%" des CNE étaient "toujours en activité".
Pris la main dans le sac, Villepin ne s'est, bien sûr, pas démonté. Il a commenté cette nième mauvaise nouvelle avec cette humilité qui fait tout son charme : "Une étude ne fait pas le printemps."
Et Villepin à Matignon ne fait pas le poids.

Immigration choisie… Pression sociale contenue

Adepte autoproclamé du parler vrai, Nicolas Sarkozy serine à l’envie qu’il dit ce qu’il pense. A la différence de beaucoup de ses confrères, qui, eux, seraient abonnés à un sabir politique incompréhensible de la France d’en bas. Ce qui expliquerait, entre autres, pourquoi l’électeur lambda se détourne de la politique. Belle image d’Epinal ! Trop belle. Ce serait une erreur que de prendre le premier flic de France au pied de la lettre. Le toujours numéro 3 du gouvernement est plus subtil qu’il n’y paraît.
Sa loi sur l’immigration « choisie » en est une nouvelle illustration. A première vue, en considérant la seule défense de ses intérêts, la France est libre d’accueillir qui elle désire. Quand bien même cette politique ne ferait pas l’affaire de certains pays africains, ainsi dépossédés de leurs élites. La majorité des électeurs ne peuvent qu’approuver. Et s’imaginer qu’il s’agit bien ainsi de défendre leurs intérêts.

Sarkozy, en digne héritier social
de son mentor Balladur

Et si c’était tout le contraire. Si, ce faisant, Sarkozy s’inscrivait dans la lignée de son maître en politique, Edouard Balladur. Celui-là même qui, en 1964, alors conseiller aux Affaires Sociales de Pompidou, affirmait : "La France doit disposer d’une réserve de main-d’œuvre lui permettant de freiner l’inflation salariale." Ce que son patron, à l’époque premier ministre, formulait en ces termes choisis : « L'immigration est un moyen de créer une certaine détente sur le marché du travail et de résister à la pression sociale ». Rappelons-nous qu’à cette époque le marché du travail était favorable aux employés. Ce n’est plus le cas depuis longtemps. Mais la situation est près de s’inverser. Le papy-boom est à nos portes. Des milliers de cadres vont partir à la retraite dans les cinq prochaines années. Le rapport de force employeur-salarié basculera alors en faveur de ces derniers. Ce dont les (nombreux) amis patrons de Sarkozy commencent à s’émouvoir. Perspective insupportable, qu’en fondé de pouvoir du capitalisme français, Nicolas Sarkozy se doit de conjurer. Mais en avançant masqué. Rien de tel, pour ce faire, que de convoquer les mânes de la défense des intérêts supérieurs de la nation.

Avec Sarko, le festival de Cannes c'est toute l'année

Le festival de Cannes s'ouvre à peine que la Palme d'or du meilleur réalisateur et du meilleur acteur, pour l'ensemble de son oeuvre, ne fait déjà aucun doute : Sarkozy ! Dans la catégorie meilleur réalisateur, il a démontré une nouvelle fois toute l'étendue de son talent le week-end dernier. Devant les cadres de son parti, il a annoncé qu'il pourrait annoncer sa candidature à l'automne (sic). Du grand (7ème) art pour faire un effet d'annonce avec un non-événement absolu ! Comme si, depuis 2003, date à laquelle il a annoncé à "100 minutes pour convaincre" (plutôt 200 lors de ses participations), qu'il y pensait "pas simplement en se rasant", tout le monde ne savait pas à quoi s'en tenir.

Un acteur-né

Mais Sarko est aussi un acteur-né. De l'espèce la plus rare : celle capable d'interpréter des rôles aux antipodes les uns des autres. Le rôle du traître Brutus en 1995, quand il prit fait et cause pour l'ami de trente ans de Chirac, alias sa "Courtoise Suffisance" Edouard Balladur. Au point de demander à Chirac, en direct à la télé, à quelques mois du premier tour, de se retirer de la candidature. Pour s'éviter de sombrer dans le ridicule. Victime de la vengeance chiraquienne, les Français le perdirent de vue dans un second rôle de jeune retraité de la politique. Puis il revint en grâce auprès du directeur de casting de l'Elysée en 2002, qui lui offrit le deuxième grand rôle de sa vie : premier flic de France. Sans doute pour saluer son habileté à faire prendre aux Français des coups de menton pour une baisse de la délinquance, on le retrouva en ministre des Finances qui écrase les prix et lutte contre la vie chère sans que le panier moyen de la ménagère s'en ressente. Puis dans celui de président d'un parti tout acquis à son chef et à son ambition de conquérir la première place de la République. Pour finalement le découvrir dans un rôle inattendu, à contre-emploi : celui d'une blanche colombe, victime de la méchanceté "d'apprentis comploteurs", voués corps et âme à sa mort politique.
L'année prochaine s'annonce tout aussi riche en événement pour notre réalisateur acteur. Puisqu'est programmée en salles la sortie du film de sa vie : "Moi, Sarko Calife à la place du Calife." Mais une actrice sur le retour, d'autant plus redoutable qu'elle est aussi réac que lui, ne l'entend pas de cette oreille. Elle se rêve déjà en vedette américaine de la prochaine élection présidentielle. Car sa popularité, qui ne se dément pas, l'autorise désormais à envisager son avenir en Cinémascope.

Bayrou : "Halte à la haine au sommet de l'Etat."

C'est un homme en colère qu'a reçu Claire Chazal dimanche soir. Une colère froide et digne. Pas une de ces colères théâtrales que nous jouent et rejouent nos excellences gouvernementales ces derniers temps. Il ne manquait pas de panache le Béarnais. De plus en plus ressemblant à son modèle Henri IV et à la biographie qu'il lui avait consacrée il y a quelques années.
Halte à la "déliquescence, à cette "haine au sommet de l'Etat" qui prend la France en otage des intérêts de clans rivaux dans une lutte à mort, s'est-il exclamé en substance. Révolue donc "l'opposition de salon" que lui reprochent ses "camarades" socialistes. Même s'il a pris soin de préciser qu'il ne s'agit pas de rejoindre les rangs de l'opposition parlementaire mais ceux de "l'opposition au déclin de la France". "C'est l'acte fondateur de l'UDF pour la campagne présidentielle", a approuvé sa conseillère de choc, la vice-présidente du mouvement, Marielle de Sarnez. La preuve que la politique politicienne ne perd jamais complètement ses droits.
En privé, beaucoup de députés UMP ne détesteraient pas voter avec Bayrou. Lellouche a eu cette formule : "Beaucoup d'entre nous se poseraient la question si Villepin engageait sa responsabilité." Et, à Accoyer qui est monté sur ses grands chevaux pour déclarer que Bayrou était maintenant dans l'opposition, avant que de monter aujourd'hui à la tribune de l'Assemblée pour soutenir le gouvernement contre la motion de censure socialiste, Méhaignerie a conseillé : "Tu te contentes de dire "le silence est d'or" et tu redescends."

Clearstream : c'est la faute au "Monde" et à Van Ruymbeke !

Il n'y a pas d'affaire Clearstream ! Il n'y a que de mauvais journalistes et de mauvais juges. C'est en substance la réponse du gouvernement au déferlement quotidien de révélations dans la presse. D'abord par la voix de son sémillant premier ministre, qui est bien le dernier à croire qu'il dirige encore le pays tant son gouvernement ressemble à s'y méprendre à une armée mexicaine. Galouzeau a ainsi invité les patrons de presse, jeudi 11 mai, à exercer leur métier "avec le plus grand professionnalisme", à "démêler le vrai du faux et rendre lisible ce qui apparaît à première vue indéchiffrable". Dans la bouche d'un "professionnel" de l'art de gouverner, capable de faire descendre la France dans la rue pour une "réformette", et contraint de se contredire à quelques jours d'intervalle au gré des informations paraissant dans la presse, voilà qui vaut son pesant de listings. Son ministre de la Justice, Pascal Clément, en serviteur zélé du poète de Matignon, a enfoncé le clou. En annonçant, dans la foulée, une demande d'enquête pour violation du secret de l'instruction. De quoi calmer les ardeurs des journalistes trop curieux. En particulier ceux du "Monde", qui a accusé réception 5/5 du message dans son éditorial du week-end. En informant ses lecteurs qu'ils ne s'émeuvent pas d'apprendre, dans les prochains jours, que leur journal favori est l'objet de perquisitions. Le garde des Sceaux s'en est prit ensuite au juge Van Ruymbeke, coupable d'avoir rencontré secrètement, et donc hors procès-verbal, Jean-Louis Gergorin, ex-dirigeant d'EADS depuis deux jours. "Il faut que la justice puisse travailler dans la sérénité, hors de toute pression, sans être instumentalisée".
Clément va bientôt nous apprendre que le corbeau n'est autre que Van Ruymbeke.

Villepin, l'ami du genre humain

"Le forcené de Matignon" (le surnom dont l'a affublé Sarkozy) s'est offert une escapade à pied, à l'heure du déjeuner, ce vendredi, en compagnie de Borloo et Donnedieu de Vabres. Aux journalistes, qui l'attendaient à la sortie du bistrot du quartier de l'Odéon dans lequel il s'était attablé, il a lâché : "Vous n'avez donc rien d'autre à faire. On dirait des fonctionnaires. Accrochés comme des moules à leur rocher." Un véritable cri du coeur ! Villepin sait décidément parler aux Français.

Comme si de rien n'était !

Accusé par "le Canard enchaîné", en marge de l'affaire Clearstream, de détenir un compte au Japon crédité de la modeste somme de 45 M€, et alimenté par une mystérieuse fondation culturelle, Chirac s'est fendu d'une déclaration télévisée. L’information révélée par le journal satirique provient d’un document de la DGSE. On y apprend que le président de la Tokyo Sowa Bank (banque qui aurait hébergé le compte en question), Shoichi Osada, était un proche de Jacques Chirac, et qu’il a été incarcéré dans son pays pour faillite frauduleuse en 2000. Autant d’éléments troublants quand on connaît par ailleurs l’amour du président français pour le Japon et les nombreux voyages qu’il y effectue régulièrement. Mais ce dernier n’a pas jugé utile de se défendre, mais a, au contraire, choisi de dénoncer « la dictature de la rumeur » et de « la calomnie ». Non content d’ignorer la crise politique et judiciaire qui ébranle sa fin de mandat, il s’est payé le luxe de décerner un satisfecit à son gouvernement : "Grâce aux efforts des Français, grâce aux réformes entreprises par le gouvernement, nous avons un chômage en baisse depuis un an et une croissance positive qui s’accélère. Jamais je n’accepterai de laisser gâcher une telle chance pour la France." Les Français sont-ils priés de lui dire merci ? En bonne logique, le Président a donc complimenté son premier ministre : "Je l'ai dit ce matin en conseil des ministres: je fais toute confiance au gouvernement de Dominique de Villepin pour conduire la mission que je lui ai confiée et j'attends de lui qu'il accélère son action." En mettant Sarkozy aux arrêts de rigueur ?

La blague du jour

Fort du soutien présidentiel, Villepin s’est une nouvelle fois distingué par son mépris des réalités et en se gargarisant de ces grands mots creux qu’il affectionne tant : "Dans cette période troublée, plus que jamais, nous devons veiller aux intérêts des Français." Au point de déclarer, de manière surréaliste : "Nous ne pouvons pas laisser les Français confrontés à cette hausse du prix du pétrole. J'y travaille. » On ne sait pas si la France manque de pétrole. En tout cas, Villepin ne manque pas d’air.

Un pacte secret
entre Villepin et Chirac ?

On pourrait s’interroger sur ce que cache ce soutien quasi suicidaire de Chirac à Villepin. Contre toute logique politique, c'est en effet bien plus Chirac qui soutient son premier ministre que le contraire. C’est peut-être que leur sort est lié par de lourds secrets. Après l’échec de la dissolution en 1997, dont Villepin n’était pas le dernier à avoir vanter les mérites (au point d'y avoir gagné le surnom de "grand stratège" dans la bouche de Bernadette Chirac), la rumeur de son départ de l’Elysée courait dans le Tout-Paris de la politique et des affaires. Et pourtant, le secrétaire général de l’Elysée qu’il était alors, restait on ne peut plus stoïque, allant répétant que Chirac ne pouvait pas le lâcher car maintenant qu’il l’avait fait entrer dans le "saint des saint", il savait trop de choses. Si bien qu’à l’extérieur du système chiraquien, il deviendrait "une bombe à retardement". Cette anecdote est rapportée dans le bouquin désormais célèbre de Franz-Olivier Giesbert, au titre prémonitoire : "la tragédie du président".

Cet article est également paru sur le quotidien en ligne Agoravox fondé par Joël de Rosnay.

Sarkozy imperator : il exige de Chirac les pleins pouvoirs

L'attaché de presse de luxe de Sarkozy, alias Patrick Devedjian, n'y va pas par quatre chemins. Dans une interview au Monde, il déclare sans détour : "Si le président de l'UMP devait accepter la charge de Premier ministre... il devra avoir une forte liberté d'action et de moyens." Autant dire les pleins pouvoirs. Déjà qu'au ministère de l'Intérieur le premier flic de France se comporte comme s'il était à Matignon, on se doute bien, qu'une fois à Matignon, il se comportera comme s'il était à l'Elysée. Et c'est du reste ce que revendique son programme ès rupture de "la France d'après" qui plaide pour la suppression du poste de premier ministre. Que Chirac se le tienne pour dit : s'il nomme son meilleur ennemi à Matignon, il devra se contenter d'inaugurer les chrysantèmes et de tâter le cul des vaches à la Foire de Paris.

Villepin lâché par les siens

Même Raymond Barre s'y met... Il s'est joint à tous ceux, déjà si nombreux, qui demandent la tête du premier ministre. L'ex-meilleur économiste de France a appelé Chirac à mettre un terme à cette situation « inacceptable pour l’image de la France » et a rappelé qu’il était de son devoir de veiller à ce que « le gouvernement soit homogène et solidaire ». A se demander, tout de même, si Raymond la science n’a pas raté l’épisode de la constitution du gouvernement Villepin, auquel Chirac avait imposé Sarkozy comme numéro 2. Un duo d’une solidarité à toute épreuve, au service exclusif de la France et des Français, comme on peut le constater chaque jour à travers "le feuilleton de presse" Clearstream...

Le spectre du 21 avril

Pour le dernier Premier ministre de Giscard (et successeur de Chirac à Matignon), "l'incertitude politique dans laquelle se trouve la France depuis 2002 tient au caractère ambigu de l'élection présidentielle, car les Français ont voté à 80% contre Le Pen et il n'y a pas eu une majorité présidentielle claire qui s'est manifestée en faveur d'un président". On ne peut d'ailleurs "pas écarter la possibilité" que le président du Front national "soit au second tour" de l'élection présidentielle de 2007. Apparemment, Barre a déjà dressé le bilan du quinquennat de Chirac à l’Elysée.

Hervé de Charrette charrie Villepin

L’ex-ministre des Affaires étrangères de Balladur, qui s’était rappelé à notre bon souvenir pendant la crise du CPE en demandant, le premier, son retrait, vient une nouvelle fois de se payer la tête de Villepin, en le comparant vendredi 5 mai, sur France-Inter à Jean Dujardin, et son gouvernement au « Caire, nid d’espions ».

Noël fait du Mamère

Il ne sera pas le candidat des Verts en 2007, mais ça ne l’empêche pas de parler pour ne rien dire. Ainsi a-t-il demandé très solennellement, comme à son habitude, à Chirac, de sortir de « son bunker » pour s’exprimer sur l’affaire Clearstream. « En tant que garant des institutions ». Mamère aurait-il déjà oublié que Chirac s’est signalé sur le CPE par un appel au boycott de l’article 8 de la loi alors même qu’il annonçait sa promulgation ?

"La stratégie du bunker"

Avis de recherche. Jacques Chirac, président de la république française (que d’aucuns qualifient ces derniers temps de bananière) a disparu. L’Elysée ne répond plus. Brégançon est désert. Son château de Bity, en Corrèze, ne l’est pas moins. Aux dernières nouvelles, une mission conduite par François Baroin, le ministre de l’outremer, est parti à sa recherche sur l’île Maurice, contrée où il avait naguère ses habitudes dans des palaces tarifés à 4.500 € la nuit. A moins que ce ne soit qu’une fugue passagère. A l’image de celles qu’on lui a connues durant les émeutes en banlieue ou la crise du CPE. C’est ce que Mamère appelle « la stratégie du bunker ». Une stratégie dont Chirac est coutumier. Et qui lui a souvent réussi. Notamment après le fiasco de la dissolution en 1997. Epoque au cours de laquelle, Franz-Olivier Giesbert, dans « la tragédie du Président », se souvient d’un Chirac intarissable sur le sujet : « Que voulez-vous que je fasse ? Que je sonne la mobilisation générale pour partir à la bataille ? Il faudrait être fou ou inconscient. Non, si je veux espérer revenir un jour en grâce, je dois me faire oublier et me planquer avec un casque de maçon sur la tête, à cause des jets de boulons des petits copains, en attendant des jours meilleurs. Alors, je me planque ! » Au fond, Chirac pense peut-être qu’il conserve une chance pour 2007.

Souvent Villepin varie. Et bien fol est qui s’y fie !

Plutôt psychorigide sur le CPE, le premier ministre démontre une souplesse d’esprit insoupçonnée dans sa défense sur l’affaire Clearstream. Alors qu’il défendait mordicus, hier encore, que le nom de Sarkozy n’avait pas été évoqué une seule fois au cours de son entretien avec l’as du renseignement, le général Rondot, il vient de déclarer dans sa dixième – et dernière ? – conférence de presse, que le patronyme de son meilleur ennemi avait bel et bien été prononcé. Mais, seulement en sa qualité de ministre de l’intérieur. Voilà qui change tout ! La prochaine fois, on lui suggère de déclarer qu’il est formellement impossible qu’il ait cité une seule fois le nom de Sarkozy. Pour la bonne est simple raison qu’il l’affuble, comme nous l’apprend Giesbert dans « la tragédie du Président », tantôt du sobriquet de « nabot » tantôt de celui de « roquet » ou de « nain ». Là on croira enfin Villepin sur parole !
Le sens du devoir toujours chevillé au corps, l’inventeur du CPE a indiqué qu’il était de son « devoir de ministre des Affaires étrangères de confier une mission de vérification au général Rondot ». Or, en sa qualité de patron du Quai d’Orsay, il n’avait aucune autorité sur l’ex-espion… Mais sans doute l’ignorait-il. Quant à la présence de son ami de 20 ans, Jean-Louis Gergorin, à cet entretien, elle se justifiait par « des informations concernant l’affaire des frégates de Taiwan », qu’il avait à communiquer à Rondot. On comprend soudain mieux pourquoi ce dernier avait écrit sur la fameuse fiche retrouvée à son domicile : "Enjeu politique : N. Sarkozy. Fixation sur N. Sarkozy (ref. conflit J. Chirac/N. Sarkozy)"…

L'art de se moquer du "Monde"

L'affaire Clearstream est une bonne affaire pour le Monde. Chaque nouveau numéro apporte son lot de rebondissements. Et les ventes s'envolent. Son édition datée d'aujourd'hui n'échappe pas à la règle. Selon le quotidien du soir, à l'issue du désormais célèbre rendez-vous du 9 janvier 2004 au Quai d'Orsay, entre Dominique de Villepin (DDV), Jean-Louis Gergorin et le Général Rondot (photo ci-contre), celui -ci aurait effectué des vérifications auprès d'une banque italienne, censée être cliente de Clearstream, pour savoir si Nicolas Sarkozy y détenait un compte. Ses recherches s'avèrant négatives, le général aurait fait part de ses doutes à Villepin et à MAM. Et leur aurait fortement conseillé, en vain, d'arrêter les frais.
"J'ai alerté les autorités politiques, à savoir M. de Villepin et Mme Alliot-Marie, en les mettant en garde sur les risques que faisait courir cette affaire et, malgré tout, tout s'est poursuivi, c'est-à-dire que certains ont continué à y croire ; il n'y a pas eu de stop mis à cette affaire, qui a continué à se développer avec les lettres de dénonciation notamment, sans que quelqu'un ait le courage politique de dire 'stop, arrêtons le jeu de massacre'" (propos du général Rondot selon des extraits de son audition).

Villepin n'a pas découvert
la manipulation
touchant Sarkozy par la presse

En mai 2004, le juge d'instruction Renaud Van Ruymbeke, qui enquête sur les rétrocommissions dans l'affaire des frégates de Taïwan reçoit un premier envoi anonyme de noms d'industriels ayant pu bénéficier de comptes occultes. Suivront un cédérom contenant un listing de comptes Clearstream puis une liste d'hommes politiques. Or DDV a toujours affirmé qu'il avait eu connaissance de de l'éventuelle implication de Nicolas Sarkozy, après, lorsque le magazine le Point avait dévoilé l'affaire. Si le général dit vrai, DDV vient de se rapprocher un peu plus de la sortie. Que de plus en plus de monde, y compris dans son camp, aimeraient lui voir prendre. Avant que la France ne devienne, un peu plus encore, la risée du monde.
Dans un communiqué, le toujours premier ministre a dénoncé "vigoureusement l'exploitation faite à nouveau par Le Monde de propos tronqués, d'amalgames, d'interprétations". Et à l'assemblée, lors de la séance des questions-réponses aux membres du gouvernement, il s'est défendu bec et ongles en stigmatisant "un feuilleton de presse" et "un lynchage médiatique". Toujours les grands mots en guise de grands remèdes...

Villepin monte sur ses grands chevaux

La meilleure défense, c’est l’attaque. L’inoubliable auteur des Cent-Jours ou l’esprit de sacrifice ne l’ignore pas. A la charge de Monsieur Royal à l’Assemblée, ce mardi, Villepin a répliqué, plus fier-à-bras et pontifiant que jamais : « Vous vous laissez emporter. Est-ce une perte de sang-froid, une inexpérience ? Vous vous laissez abuser. Rien ne sert jamais d’hurler avec les loups. » Et de se poser en champion de « la dignité, la vérité et la justice ». Pour conclure, sabre au clair: « C’est, en dépit de vos insinuations, mon engagement, celui de toute la majorité au service des Français et de notre pays. » Voilà qui ira droit au coeur des 20% de Français qui lui font encore confiance. Mais cet accès de lyrisme pourrait bien n'être qu’un ultime baroud d’honneur. Les questions sans réponses demeurent. Et elles sont bien embarrassantes pour le créateur du CPE.

Villepin parle
pour ne rien dire

Libération, dans son édition du 2 mai, en dresse la liste. Parmi les plus importantes, on retiendra :
- A quel titre vous êtes-vous intéressé à Clearstream ? Au début de l’affaire - la vraie, c’est à dire celle qui concerne le blanchiment de commissions occultes prétendument perçues par des industriels et des fonctionnaires dans la vente des frégates à Taïwan – Dominique de Villepin était au Quai d’Orsay et, à ce titre, n’avait pas autorité sur les services de renseignement, qui dépendent de l’Intérieur et de la Défense.
- Que faisait Jean-Louis Gergorin lors du rendez-vous du 9 janvier 2004 avec le général Rondot ?
- Pourquoi n’avez-vous pas prévenu Sarkozy ? « C’est le reproche récurent dans l’entourage du président de l’UMP. Villepin savait et il l’a dissimulé à son collègue ministre. Au mieux, ce serait « une mauvaise manière » ; au pire, « l’indice d'une mauvaise intention ». » (Libération)

Villepin tombe de CPE en Clearstream

Pour Villepin, ça sent de plus en plus le sapin. Evoquant l’affaire Clearstream, le Monde titrait ce week-end : « La question de la démission du premier ministre est posée. » Libération affichait en une : « Coulé». Le Parisien, dans son édition de samedi, croit savoir que le Premier ministre va être entendu par les juges d'instruction, Henri Pons et Jean-Marie d’Huy, chargés de l’enquête. Et, affront suprême, que le parquet de Paris envisage une perquisition de son bureau à Matignon. L’avant-dernière étape avant l’Elysée ? Las ! Pour ne rien arranger, Libération publie ce lundi un sondage qui indique que Villepin, avec 20% d'opinions favorables, est en passe de battre le record d’impopularité d’Edith Cresson à Matignon : 18% de pour. Même Raffarin n’était pas tombé aussi bas. On sait maintenant comment l’helléniste distingué qu’est Villepin va passer à la postérité. Son bref séjour à Matignon aura permis de remettre au goût du jour l’expression désuète « tomber de Charybde en Scylla », qu’on propose de rebaptiser : «Tomber de CPE en Clearstream. »

Le sort de Villepin
dans les mains de Sarkozy

Deux questions se posent maintenant. La première est de savoir si Villepin va s’accrocher au pouvoir comme il s’était accroché à son CPE. Au point que le jour de l’annonce de son retrait – mille excuses, de son remplacement – l’Elysée s’était fendu d’un communiqué avant la conférence de presse du premier ministre au cas où la langue de bois du poète de Matignon ait encore fourché. La deuxième est de connaître la réaction de Sarkozy. Même si l’existence d’un cabinet noir chargé des coups tordus, aux ordres de Villepin, se confirmait, il n’est pas certain que Sarkozy ait intérêt à réclamer sa tête. Car il serait alors le seul à pouvoir prétendre à sa succession à Matignon. Et rien ne dit qu'il ne réussisse alors, en un an, à griller ses chances d'être élu - pour cinq ans - à l'Elysée.

Affaire Clearstream : le réquisitoire de Giesbert contre Villepin

Prophétique le best-seller de Franz-Olivier Giesbert, "la tragédie du Président" (Grasset), qui raconte la faillite de la Chiraquie ? A peine deux mois après sa sortie, le court chapitre consacré à l'affaire Clearstream paraît avoir été écrit aujourd'hui, à la lumière des informations qui filtrent dans la presse sur l'instruction en cours. Giesbert sait en effet de quoi il parle. C'est son magazine, le Point, qui avait révélé le volet politique de "l'affaire Clearstream" en juillet 2004. A savoir, la présence de noms de politiciens français de premier plan sur des listings de la banque des banques, la société Clearstream basé au Luxembourg. Au premier rang desquels Nicolas Sarkozy, qui figurait par deux fois sous les noms de Paul de Nagy et de Stéphane Bocsa. Grossiers pseudonymes tirés de son état-civil complet : Nicolas, Paul, Stéphane Sarközy de Nagy-Bocsa. Le soi-disant listing de Clearstream lui attribuait, à partir de ce prétendu compte au Luxembourg, des versements à destination d'une banque italienne. Le juge Van Ruymbeke avait rapidement établi la supercherie en se rendant au Luxembourg. Clearstream lui ayant assuré qu'aucune personne physique ne pouvait y ouvrir un compte. Par ailleurs, Van Ruymbeke enquêtait à l'époque sur l'affaire des frégates de Taïwan. Une manière de brouiller les pistes ?

Giesbert n'y va pas
avec le dos de la cuiller

Pour Giesbert, cette manipulation pourrait très bien avoir été fomentée par un proche de Villepin, Jean-Louis Gergorin, qui a travaillé sous ses ordres au Quai d'Orsay. Dans "la tragédie du Président", Giesbert écrit sans détour : "Qu'importe si tout ça sent le montage à plein nez : calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose. D'autant qu'un démenti équivaut souvent, dans ce genre d'affaires, à une confirmation. Las ! la machination ne prend pas. Elle a été trop bâclée. Pour un peu, elle se retournerait même contre Villepin." Prophétique ! non ?

La chasse au Villepin est ouverte

Chez Raffarin, la vengeance est un plat qui se mange... tiède. Moins d'un an après avoir rendu son tablier, il ne prend plus la peine de ménager son successeur. Il demande ouvertement sa peau. Pour la meilleure des raisons qui soit, évidemment : "Il faut sauver le soldat Chirac." La cote de popularité du président est en effet à l'image de celle de son premier ministre : sous la ligne de flottaison du ridicule. Chirac est ainsi devenu le président le plus impopulaire de la Vème république. Cependant, les mauvaises langues pourraient siffler que son abracadabrantesque "je promulgue, je suspens..." y est peut-être un peu pour quelque chose. Raffarin aurait pu trouver un meilleur prétexte pour réclamer la tête de celui qui ne s'en privait pas, quand il n'était encore que son ministre de l'intérieur. On lui suggère : "Villepin a réussi à être plus impopulaire que moi !"

Déçu d'avoir été tenu à l'écart,
Borloo lâche Villepin

Borloo n'est pas en reste. Après s'être ostensiblement affiché au côté de Sarkozy, au sortir de la réunion d'enterrement du CPE à l'Elysée, lequel l'avait complimenté pour "sa boorloterie" (les mesures de remplacement du CPE ont été concoctées par les services du ministre de la cohésion sociale) il doute ouvertement que le premier ministre ait la capacité de se refaire une santé. Durant le week-end pascal, MAM avait lâché : "Il va lui être difficile de rebondir et d'être crédible". Et de prévoir une démission début juin au plus tard "car Chirac n'aime pas réagir à chaud".
Pendant ce temps, Villepin fait encore semblant d'y croire. Ainsi a-t-il demandé à quelques ministres de lui préparer un nouveau discours de politique générale, qu'il pourrait prononcer devant le Parlement. Avant de poser la question de confiance ? Mais il n'est pas sûr que cela suffise. Selon le sondage du jour CSA pour La Vie et France Info, sa cote de popularité vient de connaître une baisse de cinq points. Seulement 24% des sondés déclarent lui faire confiance. Pour Villepin, ça sent de plus en plus le sapin.

Cet article est également paru sur le quotidien en ligne Agoravox fondé par Joël de Rosnay

Opération résurrection

Contrairement à ce que suggèrent les sondages, Villepin et Chirac ne sont pas morts. C’est du moins le message qu’ils entendent faire passer. En reprenant, de concert, l’initiative politique. Histoire de faire taire les mauvaises langues qui ricanent quand ils entendent Villepin parler d ’ «année utile» et répondent : l’année de trop ?
De retour de brèves vacances (diplomatiques) en Egypte, Jacques Chirac s'est inscrit dans le droit fil de son (vrai) père en politique… Georges Pompidou. En renouant avec les grands programmes industriels et scientifiques que « le fondé de pouvoir du capitalisme français » (Jean Lacouture) affectionnait tant. Il s'agit, entre autres, d'un moteur de recherches pour contrer l’ogre Google, de véhicules hybrides ou d'un métro nouvelle génération.

Villepin manifeste
à la Sorbonne

De son côté, Villepin a installé, à la Sorbonne, une commission chargée de définir un "nouveau pacte entre l'université et les Français". En toute simplicité. Ceci en présence du président de l'Assemblée nationale Jean-Louis Debré, des ministres Borloo, Robien, Larcher, Goulard (Recherche) et de présidents d'université. Mais sans la CGT, la CFTC et la CGC, qui ont boycotté cette aimable sauterie. Chat échaudé craint l’eau froide… Le premier ministre s’est distingué en réponse à une question d’un étudiant : « En 2006, nous ne cessons de construire des Bastilles. Les Bastilles, elles sont dans nos têtes .»
Qui a dit que "le poète de Matignon" avait changé ? Visiblement, il reste plus que jamais fidèle à son personnage : l’incarnation jusqu'au-boutiste de ce qu’il dénonce.

Sarkozy et de Villiers lancent une OPA sur l'électorat du FN

Les élections approchant, la droite renoue avec son sport préféré : la chasse aux voix du FN. Le sondage de vendredi dernier 21 avril, commémorant l'anniversaire de triste mémoire du 1er tour des dernières présidentielles, n'y est peut-être pas étranger. 35% des sondés se déclaraient proches des idées du FN ! L'opportunisme étant chez lui une seconde nature, il n'en fallait pas plus pour que Sarkozy en profite. Ainsi a-t-il lancé ce week-end : « On en a plus qu'assez d'avoir en permanence le sentiment de s'excuser d'être français. On ne peut pas changer ses lois, ses coutumes parce qu'elles ne plaisent pas à une infime minorité." Et de conclure : "Si certains n'aiment pas la France, qu'ils ne se gênent pas pour la quitter. » Ce qui rappelle à s’y méprendre le slogan de Philippe de Villiers : "La France, tu l'aimes ou tu la quittes". Ce dernier affichait également la forme des meilleurs jours. Présentant son ouvrage "Les mosquées de Roissy", selon lequel des islamistes auraient infiltré les grands aéroports français, il a inauguré son nouveau slogan dans ses interview au JDD et à France-Info : « Les Français son inquiets car ils voient l’usine qu’on démonte, la mosquée qui se construit et le porte-monnaie qui se vide. » A ce train-là, les superlatifs xénophobes de Le Pen vont bientôt sentir la camomille.

Villepin bientôt contraint à la démission ?

Ce pourrait bien être le sondage de trop. Le coup de grâce ! Le baromètre mensuel IFOP-JDD, paru aujourd'hui dans les colonnes du Journal du Dimanche, pourrait bien précipiter le départ de Villepin de Matignon. Interrogés sur l'action du Premier ministre, seulement 24% de Français la jugent favorablement. Soit une chute de 13% en un mois ! Le total des mécontents atteint 74%, 2% ne se prononçant pas. Heureusement pour le "forcené de Matignon" (le surnom que lui a donné Sarkozy) que cette enquête a été réalisée après la fin de la crise du CPE. Mais ce qui devrait sonner le glas des espérances de Villepin de se maintenir à Matignon, c'est qu'il entraîne le président dans sa descente aux enfers. 70% des personnes interrogées sont en effet mécontentes de l'action du président de la République (+10% par rapport à mars), 29% sont satisfaites, 1% ne se prononcent pas. Chirac devient ainsi le président le plus impopulaire de l'histoire de la Vème République. Un nouveau record à son actif !

Raffarin fait la leçon à Villepin

Presque un an jour pour jour après s'être fait viré de Matignon, pour cause de Tchernobyl référendaire et d'impopularité record, et s'être mis à l'abri des rigueurs de la mondialisation sous les ors du Palais du Luxembourg, Jean-Pierre Raffarin fait sa rentrée médiatique. Il accorde ses faveurs au Point. Tout un symbole ! Son directeur n'est autre que Franz-Olivier Giesbert. Dont le dernier opus (La tragédie du Président) ressemble à s'y méprendre à une entreprise de démolition en règle du successeur du "Phénix du Haut-Poitou" à Matignon. A savoir Dominique Galouzeau de Villepin. Auquel Jean-Pierre Raffa-rien (surnom donné par Villepin) prend un malin plaisir à faire la leçon. Sans doute a-t-il encore en mémoire les sorties de son flamboyant ministre de l'Intérieur. Lorsque ce dernier réclamait par exemple, en moquant son impuissance, rien moins que son remplacement. Il fallait, disait-il, « aller plus vite, plus fort et plus haut ». Et Jean-Pierre Raffarin de ricaner : « Plus vite, plus fort, plus haut ? C'est le plafond ! »

La gauche en rêvait, Villepin l'a fait !

C'est le nouveau slogan en vogue ces temps-ci au PS. Où, en privé, l'on n'a pas de mots assez... doux pour Villepin, qui vient de réussir l'impensable : ressouder la gauche et lui donner le sérieux espoir de l'emporter l'an prochain. Car l'histoire récente est formelle. Les élections nationales qui ont suivi un mouvement social d'aussi forte magnitude que celui contre le CPE ont toujours donné la victoire à la gauche. Les manifestations étudiantes de 1986 contre la loi Devaquet ? Victoire de Mitterrand en 1988. Les fonctionnaires dans la rue en 1995 contre la loi Juppé ? Victoire de Jospin aux législatives anticipées de 1997. Mais "le forcené de Matignon" n'a pas fait les choses à moitié. Il a également réussi à recréer l'unité syndicale. Une première depuis 1947 ! Les sarkozystes qui comparaient, en plein coeur de la crise du CPE, le premier ministre au commandant du Titanic étaient peut-être en dessous de la vérité.

Sarkozy tout feu tout flammes

Au petit jeu du "plus à droite que moi tu meurs", auquel se livraient Villepin et Sarkozy depuis quelques mois dans leur course à l'Elysée par sondages interposés, c'est Villepin qui a gagné. Et c'est donc lui qui est mort. S'il n'a pas démissionné (son sens du sacrifice au service de son combat contre le chômage sans doute), son avis de décès politique tient dans les chiffres des derniers sondages : 29% d'opinions favorables. Pire que ce même Raffarin dont il avait honte d'être le ministre des Affaires étrangères, il n'y pas si longtemps. C'est un boulevard qui s'ouvre maintenant devant Sarko pour remporter l'investiture de l'UMP à la présidentielle en janvier 2007. Alors qu'il apparaissait comme le plus réac des deux candidats putatifs de l'UMP, il s'est forgé, à la faveur de la crise du CPE, une image (artificielle ?) de "sage" partisan du dialogue social et du compromis. On a peine à croire que c'est le même qui s'extasiait sur les bienfaits du Kärcher en zone sensible et était qualifié de pousse au crime lors des émeutes de novembre pour ses propos un brin radicaux. La communication a des pouvoirs que la raison ignore.
Pour autant, le ministre de l'Intérieur n'a pas encore remporté l'élection présidentielle. Le chantre de la rupture va devoir convaincre la fraction la plus radicale de son électorat qu'il est capable de mettre en oeuvre les réformes ultralibérales qu'ils appellent de leurs voeux. A commencer par le démantèlement du Code du travail. Cet affreux pensum qui, comme chacun le sait, est responsable du chômage élevé en France.
Pour les rassurer, ou ne pas les voir céder aux sirènes du Front national ou du MPF du Vicomte de Villiers, Sarkozy a pris soin d'enfourcher une enième fois son cheval de bataille favori. "Je n'ai en rien renoncé à la rupture, elle est plus que jamais nécessaire", a-t-il déclaré au Figaro. "Si nous voulons répondre aux espoirs des Français, de grands changements sont indispensables. Simplement, j'appelle mes amis à comprendre que la rupture ne sera acceptée des Français que si elle est perçue comme juste". "Le CPE a pu donner le sentiment que les jeunes étaient stigmatisés. Je ne voudrais pas maintenant que l'idée de la réforme soit emportée avec cette malheureuse affaire".
Les porte-flingue de Villepin l'attendent au tournant. "J'ose espérer que Nicolas Sarkozy n'a pas fait l'impasse sur l'indispensable débat sur la flexibilité", a commenté Hervé Mariton. "On se fait engueuler par un paquet de nos électeurs qui trouvent qu'on a cédé à la pression de la rue". Un autre villepiniste souligne que "dans l'immédiat, tout ce qui affaiblit Villepin est bon pour Sarkozy". Mais il met en garde contre la tentation de "marcher sur des faux-semblants et repousser les problèmes". L'union de la majorité est un long combat.

Présidentielles 2007 vous recommande, sur le sujet de la lune de miel Villepin-Sarko, l'article de JM Aphatie intitulé "un couple au bord de la rupture".

Villepin pire que Raffarin

"Le pire d'entre nous" n'est pas forcément celui que l'on croit. Avec 29% d'opinions favorables, "le forcené de Matignon" (surnom donné par Sarkozy à Villepin) vient de battre le record d'impopularité de Jean-Pierre Raffarin (30% au mois de mai 2005). Il n'en faut pas plus à certains pour se mettre à le regretter. Ainsi du sarkozyste Dominique Paillé, particulièrement virulent avec Villepin au plus fort de la crise du CPE :"Nos concitoyens sont exaspérés par la situation. Ils n'ont jamais demandé le CPE. Ils ne savent pas vraiment ce que ça peut apporter. Ils le passent d'ores et déjà par pertes et profits, mais ils ne comprennent rien à l'entêtement du Premier ministre et aux atermoiements qu'il fait aujourd'hui supporter au pays". Selon le Nouvel Obs, Paillé aurait confessé au "Phénix du Haut-Poitou": "En comparaison avec Villepin, il m'arrive de te regretter." Et Raffarin de rétorquer : "N'hésite pas à le répéter." A quand une pétition des députés UMP "Jean-Pierre reviens !"

Ségolène la candidate du show-biz

Après avoir fait la une de quatre hebdomadaires la semaine dernière, Madame François Hollande était cette semaine la vedette d'une émission de variétés sur Canal +. Dansant aux côtés du chroniqueur politique bien connu, Jamel Debbouze, elle s'est laissée allerà lui dire qu'elle se porterait candidate à l'investiture socialiste si "ça reste comme ça". En clair si les sondages continuent de lui être aussi favorables. Jamel Debbouze à la place d'Azouz Begag en ministre délégué à la Promotion de l'égalité des chances, voilà enfin une vraie réponse au problème de l'intégration des jeunes des cités. Qui a dit que Ségolène n'avait pas de programme ?

Ségolène la candidate du show-biz

Après avoir fait la une de quatre hebdomadaires la semaine dernière, Madame François Hollande était cette semaine la vedette d'une émission de variétés sur Canal +. Dansant aux côtés du chroniqueur politique bien connu, Jamel Debbouze, elle s'est laissée allerà lui dire qu'elle se porterait candidate à l'investiture socialiste si "ça reste comme ça". En clair si les sondages continuent de lui être aussi favorables. Jamel Debbouze à la place d'Azouz Begag en ministre délégué à la Promotion de l'égalité des chances, voilà enfin une vraie réponse au problème de l'intégration des jeunes des cités. Qui a dit que Ségolène n'avait pas de programme ?

A star is born

Sorti de l'anonymat par Chirac lors de son allocution abracadabrantesque "je promulgue, je suspends...", Bernard Accoyer, le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale était l'invité cette semaine de l'émission Télé matin sur France 2. Après qu'il ait servi un discours convenu sur l'enterrement (non pardon, le remplacement) du CPE, Gérard Leclercq lui a posé une question sur l'actualité électorale italienne. Et plus précisément, le dénouement du scrutin restant alors incertain, quel candidat il souhaitait voir l'emporter, de Prodi ou de Berlusconi. Accoyer n'a pas hésité une seconde : "Berlusconi. Y a pas photo !" On est contents d'apprendre que le responsable du parti majoritaire à l'assemblée nationale (à défaut de l'être dans le pays) est donc favorable à la guerre en Irak, trouve la situation économique de l'Italie florissante (croissance nulle, endettement record) et considère qu'il est de bonne politique que de changer la loi pour faciliter ses affaires, en faisant par exemple voter une loi qui dépénalise la falsification de bilan. Devant tant de lucidité politique, on comprend que Sarkozy ait éprouvé le besoin de prendre personnellement les choses en main pour dénouer la crise du CPE.

Chirac et Villepin vilipendés par leur propre camp

On savait que le gouvernement n'était plus majoritaire dans le pays. On sait maintenant qu'il ne l'est plus même dans sa propre majorité. Cette semaine, les ténors de l'UMP et de l'UDF s'en sont donnés à coeur joie. En comparaison, les critiques du PS font figure de soutien au duo de choc qui dirige le bateau ivre de l'Etat.

C'est Edouard Balladur qui a ouvert le feu le premier après l'allocution abracadabrantesque de Chirac. "Le CPE est mort, tout le monde le sait" a déclaré avec gourmandise l'ennemi juré de Villepin, comme le rappelle Franz-Olivier Giesbert dans "la tragédie du Président".

Le président du groupe UDF à l'Assemblée, Hervé Morin, a osé dire ce que tout le monde pense tout bas : "Chirac devrait démissionner pour mettre un terme à cette période de fin de régime avec un président de la République totalement discrédité"."Si le président de la République avait un jour une attitude gaulliste ou gaullienne, c'est lui qui démissionnerait", a-t-il déclaré dans les couloirs du palais Bourbon, en expliquant que la nomination d'un nouveau Premier ministre ne "changerait rien".

Le député sarkozyste Thierry Mariani a estimé mercredi que Villepin "peut partir" si tel est son souhait. Commentant les propos de Villepin selon lesquels il ne laisserait à "personne d'autre le soin de tirer les conclusions qui s'imposent" des discussions ouvertes entre les parlementaires UMP et les syndicats, il a fustigé : "Quand on est Premier ministre, on cherche à convaincre le peuple. On ne cherche pas à rester par chantage vis-à-vis des uns et des autres, autrement on n'a rien compris à la politique." Et de rajouter : "Est-ce qu'il est en état de faire des menaces?" "Aujourd'hui il y a une incompréhension totale. Pour faire du chantage ou des menaces, il faut être en situation de force".

L'ancien président de la République, Valéry Giscard d'Estaing, estime que "la désorganisation des institutions a atteint un niveau inconnu depuis le début de la Ve République", avec la crise du CPE, dans une tribune parue dimanche dans "le Journal du Dimanche.""Le président de la République, auquel la Constitution fixe comme première mission de "veiller au respect de la Constitution", a signé et promulgué une loi votée par la Parlement. D'une manière surprenante, il annonce le même jour que cette loi ne sera pas appliquée. En vertu de quels pouvoirs?", s'interroge VGE. "Il est grand temps de sortir de ce bourbier", juge-t-il, car "le fonctionnement normal des institutions doit être rétabli".

A la veille de la décision attendue lundi sur la réforme du CPE, le président de l'UDF, François Bayrou a estimé dimanche matin que ne pas abroger cette disposition "serait jeter un bidon d'essence sur le feu". "Le plus tôt sera le mieux dans l'annonce officielle de la suppression du CPE", a-t-il déclaré sur France Inter, ajoutant que "tout le monde sait que c'est acquis".
Jugeant qu'il n'y a "aucun autre moyen de sortir de cette crise", François Bayrou "ne croit pas du tout que Dominique de Villepin soit en situation de relancer une épreuve de force qui ferait à nouveau flamber la contestation dans le pays". "S'il y a une once de responsabilité chez le président de la République, le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur, ils doivent aujourd'hui mettre un terme à ce vaudeville, à cette pièce qu'on nous joue depuis des semaines", a poursuivi le chef du parti centriste. Car, selon lui, on assiste aujourd'hui à "une crise de régime dans laquelle le désordre et le chaos président aux institutions", non seulement en raison du contrat contesté mais aussi du fait de la "rivalité interne au gouvernement et à l'UMP qui oppose Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin", et dont l'enjeu est de savoir "qui va tirer les bénéfices de la suppression du CPE qu'ils ont fait voter ensemble il y a un mois". Et d'asséner le coup de grâce : "On a l'impression d'un pays à la dérive, de gouvernants qui ne tiennent plus la barre". Favorable à un avancement de la date des prochaines élections, il observe que "12 mois cela va être très long pour un régime aussi décomposé que celui que nous avons sous les yeux".

Abracadabrantesque !

Après l'ouïe, Chirac vient de perdre un autre sens... celui du ridicule. Pour ménager l'amour-propre de Villepin, qui l'aurait menacé de démission, Chirac vient de donner raison à ses pires détracteurs en devenant, de plus, totalement inaudible. Dans l'art de dire une chose tout en faisant son contraire, on le savait champion toutes catégories. La fracture sociale est là pour en témoigner. Mais, jusqu'à vendredi dernier, on ignorait qu'il pouvait dire une chose tout en disant son contraire dans le même temps. Le garant des institutions de la Vème République a ainsi annoncé qu'il promulguait une loi tout en demandant qu'elle ne soit pas appliquée ! Il a chargé le Parlement et le gouvernement de la modifier. En concertation avec les partenaires sociaux, cela va sans dire. "Cette décision n'est pas d'une folle lisibilité. La suspension paraissait plus logique", a commenté un juriste, hilare, sur France Inter. Dans son dernier livre, La tragédie du Président, Franz-Olivier Giesbert brosse un portrait crépusculaire et vachard de ce Chirac, qu'il connaît si bien pour le fréquenter depuis si longtemps. La première page donne le ton de l'ouvrage : "Ceci n'est donc pas une biographie au sens propre mais plutôt l'histoire d'une tragédie personnelle, devenue, sur la fin, une tragédie nationale." La dernière sortie télévisée du Pire d'entre nous (titre d'un autre bouquin consacré à Chirac et sorti à l'automne dernier) laisse à penser que la tragédie est en train de tourner à la farce.

Villepin et Sarkozy au bord de la crise de nerfs

Le divorce est consommé entre Villepinistes et Sarkozystes. Cet après-midi à l'Assemblée nationale, les amis de Sarko n'ont pas mâché leurs mots. Pierre Lellouche, l'ex-candidat malheureux aux primaires parisiennes de l'UMP a ironisé : "J'ai un devoir de solidarité envers le gouvernement mais ce soutien n'ira pas jusqu'au suicide collectif." Devedjian a déclaré en substance sur France 2, de bon matin, que le CPE n'était qu'un article dans une loi et qu'il ne méritait ni louange ni opprobre. Bref, que l'on pouvait le supprimer sans que le chômage s'en rende compte. Devant l'immense mobilisation populaire d'aujourd'hui, Sarko a tonitrué que le "gouvernement se devait de bouger". De là à s'imaginer que s'il ne s'y résout pas, il risque de s'en aller plus tôt que prévu... C'est ce qu'a dû comprendre Jean-Marc Ayrault, qui lui a conseillé d'aller au bout de ses idées en démissionnant. Plus tard dans l'après-midi, le même s'était distingué, une fois n'est pas coutume par un beau discours à l'adresse de Villepin : "Je vous le dis avec gravité, votre obstination est lourde de périls. Vous provoquez un grève nationale en plein marasme économique". "Vous jetez la jeunesse dans la rue (...) Vous réveillez les feux mal éteints des banlieues", a-t-il accusé.
"Oubliez votre orgueil, faites la paix avec les Français", l'a exhorté Ayrault. "On ne construit pas un destin personnel contre son propre peuple (...) On se grandit plus sûrement à convaincre plutôt qu'à vaincre", a-t-il poursuivi, avant de conclure vachard : "Désormais, vous êtes le seul responsable". Villepin n'a pas cillé. Que valent quelques millions de Français face à son destin national ?

Villepin souffle le chaud et le froid, Sarkozy s’impatiente

Plus il en parle, moins il le pratique. Avec Villepin, le mot dialogue tourne vite au dialogue de sourds. Les syndicats de salariés en ont fait l’amère expérience hier. La mine déconfite des leaders de la CFDT, FO et de la CGT vaut tous les discours. Les syndicats d’étudiants majoritaires, moins naïfs que leurs aînés, ont décliné l’invitation tardive de Matignon aujourd’hui. Le « forcené de Matignon » joue plus que jamais le pourrissement de la situation.
Ce qui est de moins en moins du goût de Sarkozy, qui commence à ruer dans les brancards. "Je ne veux pas un fossé entre la droite républicaine et la jeunesse. Tout ceci doit se terminer au plus tôt, car chaque jour qui passe renforce les conditions d'un affrontement (...) et peut-être même d'un drame", a-t-il dit. Et le chantre de « la France d’après » d’ajouter : « On ne débloquera pas la société française avec les recettes du passé. On ne la débloquera pas avec des politiques segmentées et orientées sur telle ou telle catégorie de Français qui se croient alors stigmatisés et en conséquence se braquent. » Il n’a pas cru bon de rappeler que le CPE est un contrat qui concerne uniquement les jeunes de moins de 26 ans.
Et de porter le coup de grâce. "Les Français ne se braquent pas contre la réforme, ils ne refusent pas le changement. Ils acceptent la réforme et le changement car ils savent que c'est incontournable. A la condition (...) qu'ils pensent que ce changement ou cette réforme est juste.” On en oublierait presque que Sarko était un ardent défenseur du CPE avant que la situation tourne au vinaigre.

Seul contre tous et droit dans le mur















L'aventure personnelle de Villepin sur le CPE va bientôt toucher à sa fin. Ses dernières déclarations va-t-en-guerre ("ni retrait, ni suspension, ni dénaturation du CPE") n'y changeront rien. Le succès des manifestations du 18 mars a revigoré les opposants au CPE. La grève générale de mardi prochain s'annonce massive. Cerise sur le gâteau, une majorité de députés UMP s'inquiète désormais ouvertement pour sa réélection en 2007. Même les patrons du CAC 40 reçus hier à Matignon n'ont pas fait preuve d'un enthousiasme excessif pour défendre l'arme fatale de Villepin contre le chômage des jeunes. Charles Beigbeder, le frère de l'autre, n'a pas caché que la période d'essai de 2 ans lui paraissait un peu longue et qu'un jeune devait savoir pourquoi on le licenciait. Au train où vont les choses, Villepin ne trouvera plus personne à qui parler. Et aucun électeur pour voter pour lui en 2007. Sous couvert de l'anonymat, un député UMP a ironisé : "La seule question qui vaille est maintenant de savoir quand Chirac va le lâcher ?"

Sarko cherche la sortie

Nicolas Sarkozy n'en fait plus mystère. Si "le forcené de Matignon" ne met pas un peu d'eau dans son vin, il envisage "une accélération de son calendrier". Bref de quitter le gouvernement plus tôt que prévu pour partir en campagne présidentielle. Ses proches préparent depuis quelques jours le terrain. Un véritable florilège de vacheries à l'attention de l'autisme politique de Villepin. Du député de Savoie, Michel Bouvard : "Il ne suffit pas de dire "dialogue, dialogue, dialogue" en sautant sur son fauteuil pour que les gens se parlent. Encore faut-il créer les conditions du dialogue." De l'ex-fidèle de Juppé, Eric Woerth : "Le CPE n'est pas un outil indispensable pour lutter contre le chômage. Est-ce que tout cela en vaut bien la peine ?" Et le destin présidentiel de l'illustre auteur des "Cent-jours ou l'esprit de sacrifice", qu'en fait-il ?

Villepin s'entête, Sarkozy s'inquiète

Dans un interminable monologue au JT de 20 heures de Claire Chazal (d'une passivité qui force la consternation), Galouzeau de Villepin a cherché - vainement- à se rassurer plus qu'à rassurer les Français. "Je suis un homme d'action et d'écoute" a-t-il martelé pour la 251ème fois. Il n'a pas osé prononcé le mot "réflexion". Il a annoncé quelques vagues mesurettes : "un référent" pour suivre le jeune pendant son contrat, "un complément de rémunération à l'allocation chômage en cas de rupture anticipée", "une évaluation du CPE" tous les six mois avec les partenaires sociaux. Bref une vaste usine à gaz, qui ne règle pas le problème de fond : une période d'essai que l'employeur peut interrompre sans motif pendant 2 ans (qui dit mieux ?). Surtout qu'il a pris le soin de rappeler fort diplomatiquement : "Le CPE a été voté et sera appliqué." Manifestement peu au fait de la législation en matière de chômage, il a indiqué qu'après avoir travaillé six mois, "un jeune" pourrait avoir droit aux allocations chômage pendant sept mois. Avec des trémolos dans la voix, comme si cela était une spécificité du CPE. Or, c'est tout simplement la loi commune. Peu au fait non plus de la situation faite aux jeunes diplômés, il a osé dire que le CPE était réservé aux jeunes sans formation. C'est une confirmation : l'ENA rapproche des problèmes des vrais gens. Pendant que le premier ministre discourait sur sa "lutte sans précédent contre le chômage", Nicolas Sarkozy l'écoutait en compagnie de sa garde rapprochée, place Beauvau. Les conseillers du ministre de l'intérieur ne cachaient pas leur perplexité sur la suite des événements. Roselyne Bachelot lui a même conseillé de mettre sur pied une stratégie de sortie du gouvernement. Et à François Fillon qui a objecté qu'on ne quitte pas le navire lorsqu'il prend l'eau, Sarkozy a répondu qu'il n'était pas opposé à une accélération de son calendrier. Avant que Chirac ne soit tenté de le nommer à Matignon ?

Villepin n'est plus très en jambes

Le CPE de Villepin à Matignon sent de plus en plus le CDE (Contrat Dernière Embauche). Moins d'un an après son arrivée, le bilan force l'admiration : 1 million de personnes dans la rue, la moitié des universités en grève, un soutien de l'UMP qui ressemble à s'y méprendre à celui de la corde pour le pendu, un chômage qui repart à la hausse, le Clémenceau à la dérive, une popularité en chute libre et une opposition requinquée. Pour couronner le tout, deux catastrophes sanitaires : la grippe aviaire et le chikungunya.

Au train où vont les choses, Raffarin va bientôt se prendre pour Roosevelt. Et les Français finir par le regretter !

La vie de couple n'est pas de tout repos

La campagne de publicité, « Vivre ensemble », de la radio RTL n’a pas été du goût de la reine des sondages. Axel Duroux, le patron de RTL, l’a appris à ses dépens. C’est « discourtois » et « déplacé », se serait-elle égosillée au téléphone. Ce n’est pas la photo elle-même, qui la représente avec son compagnon François Hollande sur les marches de Matignon, qui l'a vexée. C’est celle qui représente Sarko et Villepin, et qui illustre la même campagne. Parallèle perfide pour Ségo, qui suggère que son (vrai) couple serait « un désastre ». Madame la présidente de la région Poitou-Charentes s’imaginerait-elle déjà reine des médias ? La démocratie participative qu’elle vante sur son blog « Désirs d’avenir » n’est apparemment pas un vain mot. Villepin, ex-condisciple de Ségo sur les bancs de l'ENA n'est pas en reste. "Les politiques ne sont pas des mannequins publicitaires" a-t-il commenté avec ce sens de l'humour qui caractérise sa politique sociale.

Fusion GDF-Suez : Berlusconi en perd son latin

« Le Canard enchaîné » rapporte, dans son édition du 1er mars, que Berlusconi a piqué la colère de sa vie en apprenant la fusion improvisée entre GDF et Suez, pour riposter à l’OPA de l’Italien ENEL : « Mais ce sont l’inspecteur des Finances Alain Minc et l’ami du Président, Henrio Proglio (PDG de Veolia), qui sont venus nous proposer l’OPA sur Suez. On croyait qu’elle avait l’assentiment de Paris.» Quand on apprend par ailleurs, dans "le Nouvel Obs" du lendemain, qu'Alain Minc agissait pour le compte du milliardaire belge Albert Frère, le premier actionnaire de Suez, après avoir été longtemps le conseiller du patron de Suez, Gérard Mestrallet, voilà qui n'éclaircit pas franchement le tableau. Le caractère folklorique du capitalisme franco-belge n’a apparemment rien à envier aux campagnes électorales télévisées de Sua Emittenza.

Les promesses de Sarko n’engagent que ceux qui les croient

La fusion entre GDF et Suez, dans les tiroirs depuis belle lurette, se heurtait à un obstacle juridique de taille : la loi votée en 2004, à l’occasion de l’introduction en Bourse de GDF, qui garantissait que l’Etat conserverait, quoiqu’il arrive, 70% du capital de l’entreprise. Sarko, alors ministre des Finances, l’avait assuré en ces termes (un rien pontifiants) : «Cette loi est une véritable muraille de Chine.» Dix-huit mois plus tard, la muraille de Chine a fière allure.

Le plus dur est à venir

Le premier ministre aurait-il été piqué par le chikungunya lors de son voyage à la Réunion ? C’est en tout cas un Dominique de Villepin assagi et sur la défensive qui s’est adressé pour la 8ème fois aux Français. Le Villepin qui se donnait 100 jours pour venir à bout du chômage accumule, il est vrai, les contre-performances. Une croissance en berne (0,1% au dernier trimestre 2005), un taux de chômage à la hausse (+0,7% en janvier) malgré les radiations accrues et l’envolée des contrats aidés, la folle équipée du Clémenceau pour laquelle Matignon a donné son feu vert. Par-dessus le marché, les fléaux sanitaires du chikungunya et de la grippe aviaire. Mais le plus dur est à venir. La colère gronde contre le CPE. A ce jour, 13 universités ont voté la grève avec blocage total. Les syndicats, la CGT en tête, reprennent du coup du poil de la bête. Bernard Thibault s’est dit persuadé, pas plus tard qu'aujourd’hui, que la journée de mobilisation générale anti-CPE du 7 mars allait faire reculer le gouvernement. A croire que tout fout le camp pour le poète de Matignon ! Heureusement qu’il reste le Sénat. Cette noble institution vient de confirmer qu'elle et bien l'amie de la jeunesse : elle vient de voter, après l'Assemblée nationale, le CPE.

Jospin : "L'Elysée comme je m'y vois"

Jospin est de retour. Sa dernière interview à "La Dépêche du Midi" ne laisse plus la moindre place au doute. "Soit ma défaite était la sanction de la politique menée, et il était bon que je marque symboliquement l'acceptation de cette sanction. Soit elle résultait d'un certain dilettantisme civique et d'une division imprudente de la gauche, et il était nécessaire que je marque que la politique était une chose sérieuse." Du pur Jospin dans le texte. Connaissant le penchant du personnage pour l'autocritique, il est peu probable qu'il fasse sienne la première hypothèse. Sa défaite s'explique donc par l'incivisme des Français et la division de la gauche. Auxquels Lionel serait maintenant prêt à pardonner. Mais contraint et forcé : "Je voulais aussi dégager le champ au PS pour que s'affirment d'autres personnalités... mais aucune des personnalités actuellement en lice ne s'est encore imposée", a-t-il diagnostiqué à "La Provence". Le sens du sacrifice n'est-il pas l'apanage des grands hommes ? Après "le monde comme je le vois", le retraité du 21 avril 2002 écrit déjà "l'Elysée comme je m'y vois".

Le début de la fin ?

Le CPE sera-t-il à Villepin ce que la canicule fut à Raffarin ? Le début de la fin. La question mérite d'être posée. La popularité du poète de la rue de Varenne est en effet en chute libre : 9 points de moins en un mois, selon le dernier sondage mensuel "Ifop/Le Journal du Dimanche". 43 % de satisfaits contre 54 % de mécontents. Soit exactement le même score que Raffarin au sortir de l'été 2003 et ses 15.000 morts. On connaît la suite dramatique pour l'ex-gringo de Jacques Vabre. Si les étudiants et la gauche parviennent à mobiliser dans la rue contre le CPE, le bail de Villepin à Matignon risque fort de connaître la même. La précarité n'épargne vraiment plus personne.

Ils se sont tant aimés

A l'occasion de ses bons voeux, Flamby (le surnom dont Fabius a affublé Hollande), a distillé l'un de ces jeux de mots dont il a le secret et qui fait qu'on l'aime tant : "La France n'est pas en déclin. Elle est entre de mauvaises mains." Dominique Strauss-Kahn ne le démentira pas. S'agissant de la France, mais aussi du PS. Après le feuilleton "Ségolène au Chili", le voyage people à Santiago de la compagne de François Hollande aux frais de la princesse, alors que celle-ci n'a jamais occupé la moindre responsabilité à l'international au sein de ce parti, DSK a prévenu : "Il n'y aura pas de privatisation du PS." La synthèse du Mans n'aura pas passé l'hiver.

MAM se marre



Une fois n'est pas coutume (la photo est là pour en témoigner), Michèle Alliot-Marie (MAM pour les intimes) s'essaye à l'humour. Et le résultat n'est pas déplaisant. Interrogée sur son éventuelle candidature à l'Elysée, elle répond : "Lorsque je me maquille le matin, ce n'est pas ma précoccupation principale." Sarkozy et Villepin peuvent se raser en paix.

"Discours social, pratique libérale" ("La Croix")

Villepin ne lâchera pas son CPE. Même pour un empire. Lors de sa 7ème conférence de presse mensuelle, il a défendu son contrat au rabais avec des arguments décoiffants. "J'entends dire qu'un jeune pourra être licencié à tout moment et sans préavis, du jour au lendemain : c'est faux". "Il va de soi par exemple qu'un employeur ne pourra pas mettre fin au contrat première embauche d'une jeune femme qui serait enceinte, ou d'un salarié en raison de ses convictions ou de sa vie privée". On avait pourtant cru comprendre que ledit contrat comprenait une période d'essai pendant laquelle l'employeur pouvait licencier le salarié sans motif. Pour l'auteur du "cri de la gargouille", l'art de la rhétorique n'est pas forcément synonyme de vérité. A se demander si Sarkozy n'aurait pas trouvé son maître.

Villepin prend un coup de vieux

Malgré son physique de jeune premier,Villepin ressemble de plus en plus à son meilleur ennemi : Edouard Balladur en personne. Et le CPE (contrat de première embauche) au CIP (contrat d'insertion professionnelle). Plus connu sous le nom de smic-jeunes, qui avait sonné, en 1994, la fin de la lune de miel de Balladur avec les Français. Sentant venir le vent du boulet, Galouzeau de Villepin a tenté de désamorcer le piège. En se montrant sévère avec le "smic-jeunes" et en passant sous silence la période d'essai de 2 ans (bientôt 10 ?), rebaptisée par lui "parcours d'embauche". Rien de tel que l'art diplomatique de la litote pour faire avaler au bon peuple la potion ultralibérale.